23 septembre 1989 – 23 septembre 2024: cela fait 35 ans jour pour jour que Kléber DADJO, l’ancien président togolais a quitté la terre des vivants. Les descendants de feu président Kleber DADJO n’entendent pas laisser dans l’oubliette, le nom de celui-là qui a dirigé le Togo du 14 janvier au 14 avril 1967. C’est ainsi qu’ils ont décidé de créer une association dédiée à cette illustre personnalité présentée comme le chef de la junte militaire qui avait pris le pouvoir le 13 janvier 1967 à Lomé: Association Kléber DADJO pour la paix. Kléber DADJO l’illustre disparu comme un artisan de la paix. En réalité, Kléber DADJO était un obsédé de la paix. Il répétait à ses interlocuteurs qu’il donnerait tout, il était prêt à sacrifier sa vie pour que son pays le Togo ne sombre pas dans la guerre. Pour lui, la paix ne devrait pas être considérée comme l’absence de guerre mais comme une dynamique continue de recherche des équilibres et de constructions des sociétés harmonieuses pour le vivre ensemble. Et la passation du pouvoir à Gnassingbé Eyadéma était une parfaite illustration de la vision de la gouvernance de Kléber DADJO.
35 ans après la disparition de cet homme d’Etat, les réparations mémorielles entamées par le HCRRUN semblent être à la traine pour honorer dignement sa mémoire.
Quid de feu Kléber Dadjo
Kléber DADJO (en photo) est un Togolais né le 12 août 1914 à Siou. Il a été un militaire de l’armée des Forces Françaises Libres (1941 à 1954). A cause de sa bravoure, il a reçu la Médaille de la Résistance française avec rosette le 24 avril 1946.
Ensuite, il a dirigé des unités combattantes dans la guerre d’Indochine où il s’est brillamment illustré dans les combats de Sontay, Ha dong, Phue yen, Vinh yen et Hoa binh. Il était dans la dernière unité des Forces Françaises Libres évacuée de Hanoi fin 1954. Il a été reconnu comme un génie militaire et un fin stratège par l’armée française qui lui a délivrée des citations en reconnaissance de ses actes de bravoure sur les terrains de batailles. Il a débuté sa carrière comme soldat de troupe et quitté l’armée française au grade d’officier (Capitaine).
Au cours de la période pré-indépendance du Togo (1955-1957), en sa qualité d’officier le plus gradé, il a eu comme mission d’œuvrer à la constitution d’une armée togolaise post-indépendance. C’est ainsi qu’il a dirigé l’armée togolaise avec un professionnalisme jusqu’en 1967.
Constatant des crises de gouvernance durant le règne du Président Nicolas Grunitzky et dans la ferme détermination d’éviter que le Togo ne s’enlise dans une guerre civile, l’armée décida de prendre le pouvoir. Il fut porté à la tête du gouvernement de réconciliation nationale le 13 Janvier 1967 en sa qualité d’officier le plus gradé de l’armée togolaise. En Avril de la même année et dans le cadre d’une réorganisation au sein de l’armée, il céda le pouvoir à son jeune frère Gnassingbé Eyadéma. Cette réorganisation s’était faite en bonne intelligence entre les acteurs et Kléber DADJO était le Ministre de la Justice du 1er gouvernement de Gnassingbé Eyadéma.
Épuisé par plusieurs années de guerres violentes (des balles ont été extraites de son corps à plusieurs reprises), il prit sa retraite à 55 ans et s’est retiré dans son village natal à Siou.
Au cours de sa retraite, il a également participé à la gouvernance locale (chef Canton), fondateur d’une équipe locale de football dénommée : « les lionceaux de Siou ».
Il a été rappelé au Tout Puissant le 23 Septembre 1989. S’il faut caractériser sa vie sur terre, on pourrait parler d’un génie militaire qui a juré d’ensemencer la paix partout.
Sa devise était la paix, la paix et la paix. Parmi les acteurs étatiques, Kléber DADJO était le premier ministre de la justice du premier gouvernement de GNASSINGBE Eyadema. Sa philosophie était de dialoguer, réconcilier, valoriser la jeunesse pour construire et consolider la paix.
Kleber DADJO et les hommages de la famille Gnassingbé
Lors sa retraite, le Colonel DADJO était proche du Général Gnassingbé Eyadéma. Les deux hommes s’appréciaient, ils se retrouvaient de temps à autres à Pya et à Siou pour se rappeler de leurs parcours militaires notamment des chansons militaires qu’ils fredonnaient à cœur joie. Seule la mort avait séparé les deux personnalités.
A l’arrivée de Faure Gnassingbé au pouvoir en 2005, on a constaté sa volonté de réconcilier tous les Togolais. La notion de réconciliation pour la paix est au centre de sa politique.
Et pour preuve, en 2006, Kléber Dadjo a été reconnu par le gouvernement du Président Faure Gnassingbé aux côtés des anciens présidents dans le cadre d’une décision de réhabilitation de l’image des anciens dirigeants du Togo. L’ancienne avenue de la Nouvelle Marche à Lomé a été rebaptisée avenue Kléber Dadjo en son honneur.
Les autorités militaires du Togo ont célèbré le patriotisme et l’exemplarité de Kléber DADJO. En effet, le Colonel Kleber DADJO a été nommé à titre posthume Parrain de la promotion 2018-2020 de l’École de Formation des Officiers des Forces Armées Togolaises (EFOFAT).
Y aura t-il des réparations mémorielles de Kléber DADJO en 2024 ?
A cette question, nul ne saurait répondre par l’affirmative. Mais selon une sortie médiatique faite en décembre 2023 par Madame Awa Nana, Présidente du Haut-Commissariat à la Réconciliation et au Renforcement de l’Unité Nationale (HCRRUN), « un obstacle a été franchi dans le dossier de feu Colonel Kleber DADJO, ancien Chef de l’Etat ».
Pour y parvenir, a poursuivi la patronne du HCRRUN, « grâce aux orientations du Président de la République et à l’accompagnement de la famille de l’illustre disparu ainsi que des cadres de son village natal, un site a été identifié et retenu pour accueillir à Siou les manifestations dans le cadre des hommages en perspective », a-t-elle déclaré.
Si l’on reconnaît que l’Etat, le HCRRUN et les cadres de Siou font des efforts pour honorer la mémoire de Kleber DADJO, il est tout de même opportun de souligner que les veuves légitimes de l’illustre disparu sont sans informations concernant ces hommages.
Il sied de rappeler que les réparations mémorielles seront faites en référence à la recommandation N°46 de la Commission Vérité Justice Réconciliation (CVJR) qui évoque « les hommages à rendre à certaines personnalités disparues qui ont occupé des postes de responsabilité importante et rendue service à la nation togolaise.»
Jean-Baptiste ATTISSO