L’histoire des élections au Togo devient une routine pour les acteurs politiques tant de la mouvance présidentielle comme de l’opposition. A l’orée de ces échéances électorales, la duplicité des uns pour garantir leur victoire à travers une machine à fraudes déjà mise en branle et l’impuissance des autres à obtenir les meilleures conditions pour des élections transparentes, crédibles et fiables, se confrontent comme toujours. L’atmosphère devient discrètement lourde.
Les choses se précisent, car la date des élections législatives et régionales étant fixée au 13 Avril 2024, le régime RPT-UNIR opte pour l’option « ça casse ou ça passe », bref, les élections auront bel et bien lieu, malgré certaines objections évoquées par des partis d’opposition qui continuent de réclamer de meilleures conditions. Seulement, ces partis adverses ne clarifient pas leur position pour y participer. En tout cas, le peuple constate que l’opposition n’envisage pas le boycott au cas où la CENI, l’instrument du pouvoir, organise ses élections à la date indiquée. L’opposition se trouve confrontée à un dilemme, aller ou ne y aller, les résultats risquant de subir le même sort: une contestation vive. Dans cet imbroglio vaut-il la peine d’aller à ces élections dont l’une, c’est-à-dire, les régionales, seront organisées pour la première fois au Togo.
Comme le gouvernement a décidé de coupler les deux élections (législatives et régionales), beaucoup se posent la question de savoir si l’organisation serait possible lorsqu’on sait que la communication autour du vote reste pour l’instant inexistante. Normalement, la CENI, en ce temps court avant le vote, doit instruire la population en âge de voter sur les bulletins de vote : comment vont-ils se présenteront? Au moins un spécimen devrait faire l’objet d’apprentissage, à ces quelques jours avant le vote. Malheureusement, ces démarches ne sont pas encore inscrites à l’ordre du jour. Mais, on crie sur tous les toits que ces élections seront organisées. Si tel est le cas, surtout que la CENI dans sa composition pose problème, à cause des membres dont le mandat a fini, la peur du peuple togolais n’est-elle pas justifiée quant à l’atmosphère politique incertaine qui prévaut avant les élections ? Ne risque-t-on pas de vivre les effets de la contestation des résultats après ces élections que certains qualifient déjà à haut risque, sans un minimum de consensus ?
En tout cas, le pouvoir emprunte le chemin de non-retour, des élections fraudées, une voie qualifiée de dangereux si de meilleures conditions ne sont pas créées pour garantir la crédibilité de ces échéances électorales futures qui doivent définir l’avenir serein du Togo avant l’élection présidentielle de 2025.. Rien ne pousse la classe politique à créer une tension inutile préjudiciable à la paix et à la stabilité du pays. Donc, un dialogue vaut la peine pour redéfinir les règles du jeu électoral, à moins que des va-t’en guerre veulent opter pour le statu quo.
Anges ADJANOR