En ce début d’année 2024, une femme d’affaires, une femme battante, issue de la Diaspora togolaise, s’est confiée à la rédaction de l’Agence Corps Diplomatic News. Madame SOUKOU Yolande, puisqu’il s’agit bien d’elle, est la Directrice Générale de la Société de production des équipements médicaux (SOPROEM), spécialisée dans le textile. Femme d’ambition, elle part du Commerce général pour devenir industrielle non seulement pour le Togo mais pour tout le continent africain. Voici l’intégralité de ses propos dans cette interview accordée à notre rédaction. Lisez plutôt.
CORPS DIPLOMATIC NEWS (CDN): Parlez-nous de vous et de votre société? Comment s’est passé ce passage du commerce général à l’industrie ?
Madame Soukou: Merci beaucoup pour l’intérêt que vous accordez à notre société. Je suis SOUKOU Yolande. Je suis titulaire d’une double licence en Ressources Humaines et en Comptabilité de Gestion. Je suis mariée, mère de quatre enfants. Togolaise de la diaspora, je suis la Directrice Générale de SOPROEM, une société de production des Equipements médicaux, spécialisée dans le textile.
De façon plus explicite, SOPROEM est une structure spécialisée dans la lingerie stérile et non stérile du bloc opératoire (notamment les casaques stériles, les calots, les sur-chaussures, les masques chirurgicaux et d’autres choses qui vont arriver bientôt). Ces ensembles sont constitués selon des normes, et le plus communément connu est le pack trousse universel. Mais nous avons l’ambition de tropicaliser nos kits pour nous adapter au mieux aux besoins des chirurgiens dans notre contexte.
Le passage du commerce général vers l’industrie a eu lieu sans difficultés parce que je connais ce secteur et j’ai pu, de mes expériences passées visiter plusieurs entreprises de production de ce type. Pour moi c’était une étape obligée.
Les kits sont des produits que je commercialise depuis sur le plan international et je me suis dit pourquoi ne pas créer une entreprise ou une usine de production au Togo, qui permet de commercialiser et d’exporter tout en créant de l’emploi dans mon pays d’origine. C’est comme ça que je suis passée du commerce général vers l’industrie.
CDN: Quelles sont les difficultés auxquelles vous avez été confrontée lors de la création de votre entreprise et comment êtes-vous parvenue à les surmonter ?
Madame Soukou: La plus grande difficulté à laquelle on a été confrontée c’est la recherche des structures adéquates et les informations institutionnelles pour avoir un canevas structuré dans lequel il faut se mettre pour créer l’usine de production des équipements médicaux.
Nous sommes allés vers les autorités compétentes pour nous informer et pour pouvoir travailler en communion avec elles.
Je remercie ici le ministère de la santé, celui de l‘Economie et des finances et celui de la promotion de l’investissement qui nous ont accompagnés dans ce projet.
- CDN: En termes de production, quelle est aujourd’hui la capacité de production de votre usine?
Madame Soukou: En termes de capacité de production, nous sommes aujourd’hui à 20 mille kits par mois. Nous n’en sommes qu’au début et très vite cette capacité devra augmenter.
- CDN: Votre marché est-il national ou international ? Comment appréhender vous l’entrée en vigueur de la ZLECAF pour des acteurs économiques tels que vous ?
Madame Soukou: Notre première cible est le marché national. Mais si vous avez suivi plus haut notre capacité de production vous serez d’accord avec moi que le marché national n’est pas aussi important. Donc naturellement le marché international nous intéresse, en commençant par la sous-région Ouest- africaine, le continent africain et bien-sûr l’Occident.
Pour moi la ZLECAF, entendez Zone de Libre Echange Continental en Afrique, est une aubaine, un grand avantage parce qu’elle permet un libre échange surtout entre les pays de la zone. Elle nous protège contre certains coûts douaniers et permet une commercialisation plus fluide.
- CDN: Prévoyez-vous collaborer ou avez-vous collaboré avec des partenaires externes ou des fournisseurs (nationaux ou étrangers) dans le cadre du développement de votre unité de production ?
Madame Soukou: Oui, on a travaillé avec des fournisseurs étrangers, parce qu’il y a des produits qu’on n’a pas trouvé localement. On a acheté certaines matières premières de l’étranger pour pourvoir boucler tous nos cycles de production.
Mais, il est primordial pour nous également de travailler avec des partenaires nationaux chaque fois que la compétence est disponible localement pour rester dans le principe de créer de l’emploi pour les Togolais.
- CDN: Pourquoi avez-vous choisi d’installer votre usine au Togo ?
Madame Soukou: Pour ma part, j’ai choisi d’installer SOPROEM au Togo d’abord, parce qu’aujourd’hui on a beaucoup d’avantages qui encouragent l’investissement dans l’industrie, notamment le code des investissements et le régime de la zone franche industrielle. Je tiens à remercier le gouvernement et le Chef de l’Etat pour la mise en place d’un cadre propice à l’investissement.
Pourquoi le Togo ? tout simplement pour l’amour de mon pays afin de créer de l’emploi en soutenant l’effort que le gouvernement déploie déjà en la matière.
- CDN: En guise de mot de la fin, quelles sont vos perspectives à court, moyen et long termes ?
Madame Soukou: SOPROEM est une structure qui ambitionne de montrer au monde entier le savoir-faire togolais. Au-delà de l’aspect business, nous voulons d’abord encourager tous les togolais et particulièrement ceux de la diaspora à venir investir au pays. On n’est mieux que chez soi !
Lorsque dans quelques mois ou années à venir nos produits MADE IN TOGO seront utilisés dans les blocs opératoires en Europe, aux Etats- Unis, au Canada, ou en Russie, alors nous aurons atteint une partie de nos objectifs.
Que les gens le veulent ou pas, le monde de demain ne se fera pas sans l’Afrique. Mais pour y arriver, nous ne pouvons pas nous contenter de notre statut de consommateurs. Il faut produire.
Je vous remercie une fois encore pour l’intérêt accordé à notre société.
Interview réalisée par la rédaction de Corps Diplomatic News