L’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), dans une déclaration en date du 2 septembre 2025, se dit préoccupée par la situation d’Abdoul Aziz Goma, arrêté depuis le 21 décembre 2018 à Lomé.
Ce citoyen irlando-togolais, détenu depuis bientôt sept ans, a entamé en début de semaine dernière une grève de la faim pour dénoncer ses conditions de détention et réclamer justice. Après une semaine de son acte de contestation, il a été admis aux urgences après une dégradation rapide de son état de santé.
« J’ai rendu visite à Aziz à la prison civile de Lomé. Son corps porte les stigmates de la torture et son esprit le poids de l’injustice », a déclaré Isidore Ngueuleu, responsable du bureau Afrique de l’OMCT.
« Il a survécu à des sévices indicibles, et pourtant ses appels à la justice restent sans réponse. Les autorités doivent comprendre que la grève de la faim d’Aziz n’est pas un acte de défi, mais un cri désespéré de dignité », a-t-il ajouté.
L’organisation rapporte qu’avant même de commencer sa grève de la faim, l’état de santé du détenu était déjà extrêmement préoccupant. Son médecin avait à plusieurs reprises averti qu’il ne pouvait pas rester en détention, soulignant que les autorités pénitentiaires n’ont pas la capacité de le soigner correctement.

« Nous sommes extrêmement inquiets que cette grève de la faim puisse lui causer des dommages irréversibles en l’absence d’une action immédiate », a laissé entendre Ngueuleu.
Selon l’Organisation mondiale contre la torture, Aziz a été arrêté en 2018 ‘’simplement pour avoir soutenu de jeunes manifestants pacifiques réclamant des réformes démocratiques au Togo. À la demande d’un ami, il avait hébergé temporairement des protestataires venus de zones rurales à Lomé. Pour ce geste de solidarité, il a été accusé de crimes contre la sûreté de l’État et emprisonné’’.
« Défendre les droits humains ne saurait jamais être assimilé à une insurrection. La détention d’Aziz envoie un message glaçant à tous ceux qui osent se tenir aux côtés de citoyens réclamant pacifiquement le changement », a souligné Ngueuleu.
A en croire l’OMCT, la prison civile de Lomé fonctionne à plus de quatre fois sa capacité d’accueil officielle. Conçue pour environ 666 personnes détenues, elle en accueille 2699, à la date du 25 août 2025, avec un taux d’occupation de 405,25%. Le Comité contre la torture de l’ONU avait déjà recommandé aux autorités togolaises en 2019 la fermeture immédiate de cette prison, considérant que ses conditions de détention équivalent clairement à de la torture.
« Ces conditions ne sont pas seulement cruelles, elles constituent une atteinte directe à la dignité humaine et à la vie elle-même, illustrée par les nombreux décès en détention », déplore Ngueuleu.
« En juillet 2025, une délégation de l’OMCT a rencontré les autorités togolaises à Lomé. Les discussions se sont tenues dans un esprit d’ouverture et d’empathie, et les responsables ont reconnu l’urgence de réformer le système carcéral et la situation de détenus comme Aziz. Nous avons même saisi le Président du conseil son excellence Faure Essozimna GNASSINGBÉ, d’une demande de grâce présidentielle, à laquelle aucune réponse n’a encore été donnée », souligne l’organisation.
Elle rappelle par ailleurs qu’en libérant Abdoul Aziz Goma et les autres détenus en lien avec la situation socio-politique, les autorités feraient un pas décisif vers la justice, la réconciliation et le respect des droits humains au Togo.