
Inoussa BOURAIMA et Faure GNASSINGBE
Le mercredi 05 mars 2025, le président togolais Faure Gnassingbé, a procédé à la nomination par décret, de 20 sénateurs pour compléter la liste des 41 autres sénateurs précédemment élus le 15 février dernier par les grands électeurs, conseillers municipaux et régionaux.
Ils seront donc au total 61 membres à siéger au sein du sénat.
Parmi la vingtaine de sénateurs désignés par le Chef de l’Etat, la nomination de l’un d’entre eux suscite notre curiosité. Il s’agit du sieur Inoussa Bouraïma . Ce nom est très connu du public togolais, car l’homme est le Président de l’Union musulmane du Togo (UMT), une organisation religieuse.
Sa nomination surprise ne peut jamais passer inaperçue. En effet, le régime qui régente le Togo depuis bientôt soixante ans, a toujours considéré l’Eglise catholique comme une bête noire à abattre. Les sorties de la Conférence des Evêques du Togo sur les crises socio-politiques que connaît le pays, sont souvent mal digérées par ce régime. Les missions d’obervations électorales sollicitées par la Commission Justice et Paix sont souvent catégoriquement rejettées. Ainsi, le pouvoir de Lomé a toujours considéré ces sorties comme une ingérence de l’Eglise catholique dans la vie politique du pays.
Aussi les tenants de ce régime n’ont-ils pas utilisé tous les subterfuges pour demander l’église catholique de s’occuper de ses oignons et de rester neutre vis-à-vis de la politique. Et celui qui a le plus souffert le martyr des critiques acerbes des zozos de ce pouvoir demeure, l’Archevêque émérite de Lomé, le Vénéré Phillipe Kossi Fanoko KPODZRO. En effet, les différents locataires qui se sont succédés à la tête du ministère de l’Administration territoriale (ministère tutelle des églises) ne l’ont pas du tout raté lors de leurs sorties. Que ce soit Pascal Akoussoulèlou BODJONA, Gilbert BAWARA, Payadowa BOUKPESSI, ou encore le tonitruant Christian TRIMUA en sa qualité de porte-parole du gouvernement, tous n’ont pas rendu la vie facile à cet Evêque surtout lorsque ce prélat a affiché clairement son soutien à Agbéyomé KODJO dans le cadre des élections présidentielles de février 2020.
« L’Eglise est et doit demeurer apolitique » ont clamé ces différents ministres à qui veut bien les entendre.
Mais ironie du sort, c’est du vivant de tous ces ministres précités et qui sont les suppôts du régime, que Faure GNASSINGBE vient de nommer un religieux, non pas un imam retranché dans le far-ouest de sa mosquée, mais le N°1 de l’Eglise musulmane de tout le Togo, au poste de sénateur. Un poste éminemment politique. Curieux n’est-ce pas. Et alors de quoi accusent-ils la Conférence des Evêques du Togo dans ses prises de position ?
Pourquoi ce régime a-t-il mené la vie dure à Mgr KPODZRO jusqu’à sa mort en exil?
Dans tous les cas, cette nomination d’Inoussa BOURAIMA met à nu, la sale politique de deux poids, deux mesures, pratiquée par les autorités togolaises, et fera à coup sûr, remuer Mgr Philippe KPODZRO dans sa tombe.

Feu Mgr Philippe Fanoko KPODZRO
Et face aux critiques des tenants du pouvoir, Mgr Denis Komivi AMOUZOU-DZAKPAH, a l’habitude de dire: « la vérité n’est jamais neutre ». Et c’est justement parce que le pouvoir de Lomé est allergique à la vérité, qu’il se rebelle contre l’Eglise catholique.
J’ai écrit.
Jean-Baptiste ATTISSO