Le peuple togolais est surpris d’apprendre le 18 janvier 2025, la mort d’un opposant de premières heures. Alphonse Kokouvi Massémé fut ministre de l’intérieur dans le gouvernement de transition mis en place à la suite de la Conférence Nationale Souveraine dans les années 91, dirigé par Me Joseph Kokou Koffigoh. Il a pris la poudre d’escampette lorsque Me Joseph Kokou Koffigoh a rejoint le camp des oppresseurs, c’est-à-dire le régime dictatorial de feu Gnassingbé. A l’époque, il y a eu l’attaque de la primature. L’intention était de déstabiliser le gouvernement de la Transition pour que Eyadéma puisse reprendre ses pleins pouvoirs.

Massémé et certains de ses camarades de lutte ont pris le chemin de l’exil. D’abord, ils s’installèrent au Ghana, puis pendant plusieurs années, pour crainte de leur sécurité après le départ de Rawlings; ils se réfugiaient en Allemagne.
Il sied de rappeler que Massémé Alphonse fut préfet de feu Eyadéma à Sokodé et à Sotouboua avant de rejoindre l’opposition pendant le vent de l’Est. Il croyait sincèrement à un changement du régime monarchique des Gnassingbé. C’est pourquoi, loin du pays, il a continué sa lutte en restant ferme à sa conviction. Il n’a pas été comme nombreux de ses camarades de lutte trop versatiles qui ont fini par rejoindre le camp des oppresseurs contre de l’argent. Il demeure et reste l’un des modèles de combattant pour la libération du peuple togolais. Paix à son âme!
Voici l’hommage que lui a rendu par le compatriote Xavier Gbénouga
Ooooh..,
Viépé, 1992. Nous venons de créer un mouvement de réfugiés pour permettre à nos jeunes frères et à nous-mêmes de pouvoir poursuivre nos études. Nous sommes allés le voir et il nous a ouvert des portes. Ketu District, BNI, Headquater officer de Ketu sont devenus notre lieu de rencontre pour matérialiser notre ambition. Avec l’aide de Linus Folly qui a fait déplacer l’ambassadeur de France au Ghana, nous avons pu faire l’ouverture en grande pompe à Aflao. Nos petits frères ont pu avoir accès aux salles des classes. Quand les étudiants ghanéens terminaient leurs cours le matin, nos jeunes frères occupaient les salles l’après-midi. C’était une période où j’étais fier d’avoir été utile. Parce qu’on avait rendu possible cette ambition. Quand on était reparti pour lui faire part de la réussite du projet, la réponse était « faites comme vous allez rester ici et nous, nous allons faire comme nous allons rentrer demain. » c’était un moment inoubliable. La suite… oui parce qu’il y avait eu une suite que je ne vous dirai pas.
C’est avec émotion que je l’avais rencontré à Bruxelles lors d’une manifestation. Il ne me reconnaissait pas. J’ai donné mon nom, il l’avait confondu à mon frère. Puis je lui ai raconté l’épopée et le bien qu’il avait rendu à ces centaines d’élèves de pouvoir continuer leurs études. Il était ému, je l’ai ressenti dans son regard. Et il m’avait serré la main très forte.
Combattant de première heure, monsieur le ministre, mes reconnaissances inouïes.
Ton nom figurera à coup sûr à la place des grands hommes.
Que la terre te soit légère et que nos ancêtres angélisés te couvre et te procure cette LIBERTÉ que tu as tant recherchée pour ton pays.
Vas en paix !
Xavier Gbénouga