13 Janvier 1963-13 janvier 2025, cela fait 62 ans que fut assassiné le premier président démocratiquement élu, feu Sylvanus Olympio. Et depuis lors, aucune enquête n’a été diligentée pour élucider ce crime odieux dont souffre le Togo depuis la prise du pouvoir par le Sergent-chef Gnassingbé Etienne Eyadéma qui avait déclaré être l’auteur de cet assassinat avant de se rétracter plus tard, car des indices ont démontré qu’il serait l’instrument utilisé par la France et ses alliés pour opérer ce crime odieux. Cependant, cette raison politique que les auteurs, c’est-à-dire des demi-soldes dont faisait partie Eyadéma qui revendiquaient leur intégration dans l’armée togolaise, évoquaient pour justifier leurs actions tenaient-ils la route en cette période de la guerre froide? Rien n’est moins sûr ! Car des faits irréfutables, pas des moindres, prouvent à suffisance que la raison politique n’était pas la vraie raison de même que la raison idéologique comme quoi Olympio ferait partie du Communisme serait flottante parce que cet homme n’a jamais fait partie du bloc communiste comme les auteurs de son assassinat voudraient le faire croire. En tout cas cette raison politique reste pour l’instant flottante.
13 janvier 1963: la bonne raison et la vraie raison d’un crime national
Dans ce crime jamais élucidé qui hante toujours la mémoire collective des Togolais, les explications sont de deux sortes:
1) la « bonne raison »: il s’agit de la raison qui a permis de justifier le crime aux yeux de la population et qui a soutenu la diabolisation du président Olympio depuis son assassinat. La bonne raison est liée aux reproches de sa gestion des affaires du Togo, au rang desquelles se trouve la sempiternelle question d’intégration des demi-soldes démobilisés dont le Sergent Étienne Eyadéma faisait partie.
2) la « vraie raison »: il s’agit de la raison inavouable, celle qui a fait ou continue de l’objet de la loi du silence, celle qui n’est perçue qu’après une réflexion au-delà du bruit et des apparences, celle dont la connaissance est limitée au cercle de ceux qui ont pris l’initiative d’assassiner le président Olympio.
Etant donné que le président Olympio n’était pas communiste, la vraie raison ne peut être liée à la guerre froide où on renversait ou liquidait les présidents selon leur proximité avec l’URSS ou le bloc occidental.
La vraie raison n’étant donc pas politique, on doit chercher du côté économique. Le premier indice que nul ne peut ignorer, c’est l’intention affichée par le président Olympio de sortir de la zone CFA, ce qui devait être concrétisé deux jours seulement après la date fatidique du 13 janvier.
Nous ne sommes pas Colombo ou l’inspecteur Derik, mais si nous devions nous poser des questions, la première serait pourquoi le 13 et pas le 16 janvier ou une date ultérieure? En cela, nous dirions que sur le plan de la politique interne, la raison qu’on a mise en avant dans l’opinion nationale, aucun événement majeur n’était prévu entre le 13 janvier et une date ultérieure, disons entre le 13 janvier et le 13 juillet 1963. Il n’y avait donc aucune raison de se précipiter pour mener le coup le 13 janvier, soi-disant pour « arrêter » le président Olympio. Et puisqu’on nous dit que le militaire est celui qui saisit les opportunités pour affaiblir l’ennemi, le 13 janvier n’était pas plus opportun qu’une autre date ultérieure, le président n’était pas plus vulnérable ce jour-là plutôt qu’un autre. Par exemple le président Olympio ne s’apprêtait pas à créer une garde présidentielle après le 13 janvier, et donc rien ne rendait le coup absolument nécessaire ce jour plutôt qu’un autre jour après le 13.
La bonne raison est donc « out » comme on dit en anglais, c’est-à-dire qu’elle ne tient pas la route.
Reste la vraie raison, c’est-à-dire celle liée à la sortie du Togo de la zone Franc CFA. Était-il possible de mener le coup d’état à une date autre que le dimanche 13 janvier ? Oui, le 14 et le 15 janvier. Après, il sera trop tard pour le faire puisque le Togo sera déjà sorti de la zone CFA.
Entre nous, tout enquêteur sérieux se dirigerait vers la piste de la vraie raison pour élucider le crime. Sauf si l’enquêteur ne tient pas à s’y aventurer et préfère s’aligner sur la « bonne raison » en servant un écran de fumée, ce qui a été le cas depuis 62 ans.
Entre 1960 et 1963, des présidents africains de la zone CFA faisaient pire qu’Olympio mais ils furent protégés. Pourquoi ? Parce qu’eux n’avaient pas l’intention de quitter cette zone si vitale pour la domination française de l’Afrique. Olympio a été assassiné pour maintenir son pays dans la zone franc CFA, rien de plus. Toute autre explication n’est qu’un écran de fumée. (Source: Ben Yaya)
Assassinat du premier président du Togo : un événement historique en voie d’être élucidé ?
Le 14 jan. 2023 à 07h33 (TU) la chaîne de télévision française TV5MONDE nous révélait qu’un neveu de feu Sylvanus Olympio a eu gain de cause suite à sa requête de déclassification du dossier de l’assassinat de son grand-père Sylvanus OLympio. En effet, Il y a 62 ans, le premier président togolais, Sylvanus Epiphanio Olympio, a été assassiné. Aujourd’hui, le neveu de Sylvanus Olympio a demandé et obtenu l’accès aux archives diplomatiques françaises. Quelle serait la suite des démarches judiciaires si l’on sait que le régime par la voie du Haut-Commissariat pour la Réconciliation et le Renforcement de l’Unité Nationale (HCRRUN) s’efforce à concrétiser les réparations mémorielles prévues dans les recommandations de la Commission Vérité Justice et Réconciliation (CVJR), en promettant le retour de la dépouille mortelle de feu Sylvanus Olympio enterré à Agoué au Bénin. Cette démarche du HCRRUN rentre dans le cadre de la justice transitionnelle qui doit aboutir à la réconciliation. Or, dans le contexte togolais, peut-on parler de Réconciliation sans la justice classique quand le cri du sang innocent réclame justice ? Bref, peut-on occulter la justice dans le cas de l’assassinat du premier président démocratiquement élu Sylvanus Olympio. La réflexion doit se poursuivre pour la vraie réconciliation.
Anges Gbedode ADJANOR
