Ce dimanche 8 décembre 2024, deux évènements importants concernant la dévolution du pouvoir ont marqué le monde entier. Il s’agit du changement d’un régime, l’un par voie révolutionnaire et l’autre par voie démocratique doit faire réfléchir les dirigeants du Togo.

Bachar al-ASSAD, le président syrien déchu
En effet, ce dimanche, le peuple syrien asservi et martyrisé pendant plus de 50 ans par la famille al-Assad, a décidé de mettre fin à cette dictature monarchique, dont Bachar al-ASSAD a dirigé la Syrie en mains de fer pendant 24 ans après la mort de son père, Hafez al-Assad.Il était confrontéil y a quelques années par des Syriens révoltés regroupés en rébellion. Toute opposition à son régime était sévèrement réprimée dans le sang. Il aurait pu être chassé du pouvoir il y a quelques années si la Russie n’était pas intervenue pour lui prêter main forte.
Aujourd’hui, le pays tombe dans les mains des Syriens soutenus par les Occidentaux, puisque la Syrie que dirigeait Bachar al-Assad était un allié de la Russie. Des foules de Syriens ont célébré ce dimanche la chute de Bachar al-Assad, renversé par une offensive fulgurante de groupes rebelles menée par des islamistes radicaux, dont le chef est arrivé à Damas. Une question tout de même s’impose: Bachar al-Assad a-t-il été lâché par Poutine ou la Russie a-t-elle baissé la garde en matière de son soutien à la dictature monarchique syrienne puisque la Syrie, pour tout dire est convoitée par les puissances antagonistes ?
Tout compte fait, le peuple syrien est enfin soulagé car le déclin de ce régime monarchique va ouvrir la voie à une autre ère. Mais attention! Les Syriens doivent prendre eux-mêmes leur destin en mains en optant pour une rupture néocolonialiste. D’ailleurs, certains observateurs s’inquiètent de l’avenir du pays puisque les rebelles qui viennent de chasser le petit monarque sont soutenus par des puissances occidentales. Pour l’heure la question n’est pas là, car le plus important pour les Syriens, c’est le renversement de ce régime monarchique.

John Dramani MAHAMA, président élu du Ghana
Quant aux Ghanéens, voisins de l’ouest des Togolais, la joie est à son comble car ils ont assisté à une consolidation de la démocratie par l’alternance politique. Ils ont accompli le 7 décembre 2024 leur devoir civique: ils ont voté pour respecter les principes démocratiques qui mettent l’accent sur la dévolution du pouvoir par voie électorale. Ainsi, le Ghana a son nouveau président issu du parti d’opposition NDC, John Dramani MAHAMA. Toute chose qui n’est pas évidente au Togo où c’est le parti au pouvoir depuis près de 60 ans qui gagne les élections décriées par l’opposition parce qu’entachées de fraudes massives, selon l’opposition togolaise. Aujourd’hui, Faure Gnassingbé, selon certains observateurs, risque de partir par la voie révolutionnaire s’il persiste à verrouiller la voie démocratique ou électoraliste avec un scrutin uninominal à deux tours.
Malheureusement, tout semble être mis en place pour empêcher l’avènement d’une alternance politique, car le régime monarchique des Gnassingbé vient changer les donnes en fermant la voie électoraliste qui permet une dévolution du pouvoir par des élections présidentielles. Aucun parti de l’opposition n’accèdera au pouvoir, car le régime a taillé les règles au bon vouloir de Faure Gnassingbé, en faisant croire à l’opinion tant nationale qu’internationale, que le peuple togolais a opté pour un régime parlementaire.

Faure Gnassingbé, président togolais
Il va sans dire que ce jeu politique d’équilibriste géopolitique et géostratégique mené par Faure Gnassingbé, lequel consiste à se rapprocher des régimes militaires des pays du Sahel notamment le Mali, Burkina et le Niger qui ont eu le courage d’opter pour la rupture néocolonialiste occidentale, est loin de convaincre l’opinion. Non seulement, Faure Gnassingbé a du mal à quitter le pré-carré à cause des liens très forts qui existent entre la monarchie des Gnassingbé et la France, mais également, les aspirations pressantes panafricanistes ne cessent de le talonner à rejoindre les pays du Sahel.
Dans ce contexte, que va faire Faure Gnassingbé pour sortir par la grande porte s’il verrouille la voie démocratique qui permet des élections claires, transparentes, organisées par des institutions non caporalisées et acceptées par tous ? Entre l’option révolutionnaire qu’on vient de vivre en Syrie et l’option démocratique comme cela s’est encore réalisé au Ghana, il n’est pas trop tard pour que Faure Gnassingbé fasse un choix judicieux qui sauverait le peuple togolais. Se remettre en causant en remettant le pendule à l’heure n’est pas un signe de faiblesse. Cette obsession politique d’amener le Togo sur la voie parlementaire sans le consentement du peuple togolais, dont l’objectif principal est de perpétuer le règne monarchique Gnassingbé, annonce des lendemains sombres si Faure Gnassingbé ne revient pas sur la voie démocratique qui permet à tout Togolais de briguer le mandat présidentiel. L’exclusion à travers les injustices sociales, le népotisme, le clanisme, le régionalisme, la corruption, les concussions, la prévarication, l’acquisition des biens illicites, provoque souvent des frustrations qui conduisent à la révolution populaire, qui a poussé Bachar al-Assad, le petit monarque dictateur, hors des frontières de la Syrie. Comprenne qui pourra !
Anges ADJANOR