Le 7 octobre 2024, le Ministre de la Justice Nahm- Tougli a, à travers une cérémonie, installé des animateurs du Bureau d’accueil, d’information et d’orientation des Justiciables (BAIOJ). L’installation de ce Bureau vient à point nommé lorsqu’on sait que le système judiciaire fait face à plusieurs défis qui compromettent son efficacité et sa transparence.

L’un des problèmes récurrents demeurent les phénomènes des « démarcheurs ». C’est « des individus », comme le définit le Procureur de la République, « opérant en marge du système officiel, exploitent les justiciables en leur proposant des solutions judiciaires rapides contre rémunération ».
L’objectif majeur de l’installation des animateurs du BAIOJ, dit le ministre, est d’éradiquer le phénomène des « démarcheurs », en extirpant la peur et la méfiance des justiciables, afin de préserver l’indépendance de la justice.
Pour réussir la mission du BAIOJ, le ministre Nahm-Tougli demande aux animateurs de réserver d’abord un accueil courtois aux judiciables, de bien les écouter, ensuite de les orienter simplement sans contrepartie. Enfin, « Pour que le Bureau réussisse sa mission, il faut que, d’une part, tout le monde collabore avec les animateurs, d’autre part, il doit exister une étroite collaboration entre les animateurs du BAIOJ et les agents pénitentiaires », ajoute le ministre, avant de dire qu’il est temps que les acteurs redonnent un nouveau souffle à la justice togolaise à travers un changement de pratiques de corruption, pour répondre aux attentes des usagers du système judiciaire.
Par ailleurs, le ministre rappelle aux animateurs du BAIOJ que leur rôle s’arrête au niveau de la porte du juge.
Pour terminer, le ministre émet le vœu que le BAIOJ puisse aider l’appareil judiciaire à éradiquer ce fléau de « démarcheurs » qui gangrène partout. Il n’a pas manqué d’exprimer sa gratitude aux partenaires financiers.
Pour sa part, le procureur de la république, M. Talaka, après avoir reconnu le charisme et le dynamisme du ministre de la justice, qui a permis à la formation des animateurs du BAIOJ, admet que ce phénomène de « démarcheurs » jette du discrédit sur l’appareil judiciaire. « Entre les justiciables et les juges, il ne devrait pas avoir d’intermédiaire », s’écrie-t-il avant de rappeler à ces démarcheurs que « l’extorsion de fonds illégal constitue un délit puni par la loi ». Il exhorte « les justiciables à faire le choix de ne plus constituer un terreau fertile à ces personnes pleines de perfidie ».
Même son de cloche chez le directeur à l’accès au droit et à la Justice (DADJ), Mama-Raouf TCHAGNAO, qui soutient que le déficit d’informations sur les choses judiciaires favorise le « démarchage judiciaire. « Il n’y avait aucun service pour orienter les justiciables », déclare-t-il, avant d’affirmer que, pour combler ce vide, la justice a décidé de mettre en place ce bureau.
Le coordinateur de l’association « La Solidarité Mondiale pour les Personnes Démunies et les Détenus (SMPDD), Joel Koussoigni, représentant son président Woénagnon Coco Kofi, a, quant à lui, rappelé le programme de la modernisation de la justice lancé par le chef d’Etat depuis 2018. Il ajoute que l’installation des animateurs de BAIOJ marque une nouvelle étape qui s’inscrit dans la pérennisation de l’accompagnement des justiciables et le renforcement de la transparence et l’efficacité des services judiciaires.
Il a exhorté les juges à traiter les détenus dans des conditions plus dignes, par exemple, au cours des auditions. Il leur demande d’accorder quelques minutes aux détenus qui ont envie de se soulager, de satisfaire leurs besoins. Enfin, il a remercié le ministre de la justice et tous les acteurs pour leurs contributions à cette cérémonie d’installation du BAIOJ.
Il sied de noter que cette cérémonie marque l’installation de 25 animateurs, formés par la Solidarité Mondiale pour les Personnes Démunies et les Détenus (SMPDD), pour accompagner les justiciables dans leurs démarches. L’objectif est d’améliorer la transparence et l’efficacité des services judiciaires tout en réduisant les pratiques frauduleuses.

Les animateurs du BAIOJ ont pour mission:
- Accueillir et orienter avec patience tous les justiciables dès leur arrivée au Tribunal vers les services appropriés
- fournir aux justiciables des informations appropriées sur les procédures judiciaires pour éviter que les citoyens ne tombent dans les pièges des démarcheurs
- réduire les pratiques de corruption en assurant la transparence dans les démarches et en offrant une alternative aux pratiques illégales.
En rappel, en 2022, la SMPDD a repris les activités du BAIOJ au Tribunal de Grande Instance de Lomé en étroite collaboration avec la DADJ. Aujourd’hui, la SMPDD a investi dans la rénovation des locaux du BAIOJ, transformant cet espace en un lieu fonctionnel, accueillant et adapté aux besoins des justiciables.
Anges ADJANOR