La salle de conférence de la Paroisse Christ Rédempteur de Brother-Home, a servi de cadre, ce samedi 17 février 2024, à la présentation de l’ouvrage intitulé «Enraciner la démocratie en Afrique ? Paroles d’Intellectuels ». Paru dans les Editions Saint-Augustin Afrique, à Lomé, cet ouvrage est un joyau de 238 pages dont les contributeurs viennent de divers horizons. Il s’agit de Yao Agbeko AMEWU, Enseignant Chercheur à l’Université de Lomé (UL), Mgr Nicodème BARRIGAH, Théologien, Diplomate, Artiste Musicien et Ecrivain, Archevêque métropolitain de Lomé ; Pr David DOSSEH, Médecin et Enseignant Chercheur à l’UL, Roger Ekoué FOLIKOUE, Théologien, Juriste et Enseignant de la Philosophie politique à l’UL, Mamadou Alioune DIOUF, Islamologue et Journaliste Sénégalais, Thomas Dodzi KOMOU, Economiste, Conférencier et Analyste des données économiques dans les pays d’Afrique et du monde ; Nathaniel OLYMPIO, Homme politique, Président du Parti des Togolais, Mme Maryse QUASHIE, Enseignante à l’UL à la retraite, membre fondateur de la Ligue togolaise des droits de l’homme (LTDH) ; Prudent Victor TOPANOU fut Garde des Sceaux, ministre béninois de la Justice ; il est aujourd’hui Député, Enseignant Chercheur à l’Université d’Agbomey-Calavi, Cotonou. Mr ZEKPA est Enseignant de la Philosophie à la retraite ; Mr KAMANNA est Philosophe, Enseignant à l’Université de Kinshasa, RDC. Il a cassé la pipe quelques jours après avoir envoyé son texte aux initiateurs du projet du livre. Que la terre lui soit légère.

Maryse QUASHIE et Roger FOLIKOUE
Si la gouvernance désigne l’ensemble des mesures, des règles, des organes de décision, d’information et de surveillance qui permettent d’assurer le bon fonctionnement de l’action publique et le contrôle de l’Etat, on dirait sans bonne gouvernance, sans Etat de droit, sans administration prévisible, sans pouvoir légitime et sans une réglementation adaptée, les financements les plus abondants ne sauraient assurer la prospérité, pour citer Kofi ANNAN. «Enraciner la démocratie en Afrique ? Paroles d’Intellectuels » est parti du constat fait de par les quatre coins du continent africain que le modèle de gouvernance proposé par les colons blancs, c’est-à-dire la démocratie, ne marche pas. Et pourquoi ça ne marche pas ? Est-ce le non-respect des lois qu’on s’est données qui mélange tout ? Le modèle de la démocratie n’est-il pas compatible avec la réalité africaine ? L’Afrique doit-elle opérer un nouveau choix quant au modèle de gouvernance qui devrait lui être proposé? Ou doit-on chercher à aller en avant en matière de démocratie ?
Un peu plus de trois décennies après l’avènement de la démocratie, la ligne de démarcation entre les années 60, années des grandes dictatures et les années 90 où ce vent venant de l’EST a soufflé sur le continent noir n’est toujours pas visible. Un peu comme les dictateurs avaient vite compris le jeu démocratique, l’ont récupéré puis assimilé. Les pays considérés comme pionniers ou avancés en démocratie en Afrique sont aujourd’hui révélés au grand jour comme étant, en réalité, des grands pays de dictature. La démocratie y étant un trompe-œil. Bref, pas de démocratie en Afrique malgré tant d’années d’efforts consentis. La faiblesse de l’Etat, la contestation de l’Etat sur le monopole d’utilisation de la force, absence de contrôle, la dépendance judiciaire, la corruption politique, faible représentativité, faible organisation de la société civile, des partis politiques et des groupes d’intérêts. Voilà les maux qui gangrènent les sociétés africaines.
A cette allure, où allons-nous ? Que faire à nouveau pour une démocratisation pure et simple de l’Afrique ? Ces questions, Roger Ekoué FOLIKOUE et Maryse QUASHIE se les posent eux-aussi, puisqu’ils ne sont pas les seuls Africains à se tenir la tête actuellement, comme quoi, les pays africains vont très mal. Et c’est pour tenter de se lancer dans la recherche des approches de solutions que ces deux Intellectuels togolais ont adressé la parole à d’autres personnes. Non seulement au Corps enseignant, mais aussi aux religieux, aux membres de la société civile et aux politiques. Comme on pouvait s’y attendre, les réactions sont vives et instructives. Le Pr AMEWU se demande si la démocratie a existé quelque part en Grèce, traversé l’Europe avant d’atterrir en Afrique, vu les redondances dans la pratique de la démocratie. On dit une chose et on fait son contraire. Mgr BARRIGAH a clarifié la position de l’Eglise. C’est que l’Eglise est apolitique. Mais il dénonce l’attitude du politique qui a tendance à regarder l’Eglise d’un bon œil quand la position de celle-ci l’arrange et fait le contraire quand la position de celle-ci ne l’arrange pas.
Pour Mme Maryse QUASHIE, « les Intellectuels tirent les analyses et les mettent à la disposition des politiques. Nous sommes onze Intellectuels mais nous venons de divers horizons ». Mme QUASHIE fait remarquer qu’il ne s’agit pas de redonner une nouvelle définition à la démocratie. C’est juste un débat et il reste ouvert. Seulement qu’ils retiennent trois choses: la démocratie est valable pour l’Afrique, justement parce qu’elle n’est pas là, parce qu’on ne respecte pas la dignité humaine que le problème se pose. Pour Mme QUASHIE, les échecs de la démocratie ne veulent dire qu’elle n’est pas bonne pour l’Afrique. L’Afrique va s’en sortir, a-t-elle conclu.

Beaucoup d’autres réactions des contributeurs à découvrir dans les pages du document.
il sied de préciser qu’ à l’entame des travaux, la parole a été donnée à un groupe de jeunes « Le Rameau de Jesse » qui a lancé un message fort à l’endroit de la jeunesse africaine se demandant « et si l’Afrique se réveillait ? Et si L’Afrique prenait conscience de ses valeurs ? L’Afrique, un continent si riche en ressources naturelles mais rendue pauvre par des forces exogènes et surtout endogènes. Ceci dit, le colon n’est pas uniquement le problème de l’Afrique. L’Afrique est malade de ses dirigeants, dirait l’autre. Cette prise de conscience tant souhaitée serait une arme de plus pour l’installation de la démocratie en Afrique.