Depuis le 29 décembre 2023, des rumeurs persistantes font état du retour de l’ancien Ministre « Grand Format », Pascal Bodjona sur la scène politique. Aujourd’hui, ces rumeurs devenues clameurs confirment l’information, car le Président Faure Gnassingbé a effectivement nommé Pascal Bodjona conseiller spécial chargé des affaires politiques, par décret pris en cette date. Une surprise pour les uns, mais une décision prévisible pour les autres qui connaissent bien la réalité politique du Togo, qui explique souvent le retour des hommes influents du régime tombés en disgrâce par moments.

Pascal BODJONA, Conseil Spécial de Faure Gnassingbé
Cependant, la question que tout le monde se pose est celle-ci: pourquoi ce retour en ce moment précis de l’histoire de la vie politique du pays où le Président Faure Gnassingbé est pris en étau par les problèmes internes et les bouleversements politiques des pays qui s’inscrivent dans la libération de l’Afrique ?
A cette question, beaucoup répondent que l’ancien ministre Bodjona érudit aux réalités politiques demeure la seule personne indiquée pour sauver les meubles. Faure Gnassingbé préoccupée par son image à l’extérieur a jugé bon de confier la résolution de la crise
politique qui renaît dès l’annonce des prochaines élections.
L’opposition qui remet en cause déjà les préparatifs de ces échéances électorales dénonce les manœuvres du pouvoir concernant le code électoral en l’occurrence le découpage électoral et la composition des membres de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI). Il
est certain que le blocage est en cours. Et pour désamorcer la crise politique latente qui risque de devenir une bombe à retardement, Faure Gnassingbé a besoin d’une personnalité politique posée à même de rassurer et le camp du parti au pouvoir et celui de l’opposition. Comme
Bodjona Pascal est reconnu comme un animal politique, Faure Gnassingbé a intérêt à lui faire appel pour cette mission délicate. L’homme a déjà fait ses preuves dans le système en tant que ministre de l’administration territoriale et porte-parole du gouvernement. Son accointance politique avec certains membres de l’opposition aurait quelque peu frustré Faure Gnassingbé qui serait poussé à lui régler des comptes à travers une rocambolesque affaire d’escroquerie internationale. Dans cette affaire, beaucoup de gens ont cru à une injustice dont l’ancien ministre avait été victime. Quoi qu’on dise, Pascal Bodjona était présidentiable, car à l’époque, des Togolais auraient cru qu’il serait le dauphin de Faure Gnassingbé à la veille de l’élection présidentielle de 2020, histoire de permettre à Faure de réaliser une alternance paisible. Malheureusement, tel n’a pas été le cas. Faure Gnassingbé aurait péché en sortant Bodjona du gouvernement, arguent les avisés de la politique togolaise. C’est pourquoi certains apprécient la décision de Faure Gnassingbé de repêcher Bodjona, mais continuent de douter de sa sincérité. Ces derniers conseillent à Bodjona d’être très vigilant.
Pascal BODJONA, le potentiel dauphin de Faure Gnassingbé ?
Nombreux sont ces Togolais qui voient en ce retour aux affaires de Pascal Bodjona, une tactique politique. Faure Gnassingbé, avec son patronyme très encombrant, serait en passe de tomber en disgrâce avec ses partenaires occidentaux. Dans ce cas, pour pérenniser le système mafieux françafricain, il faut le remplacer par quelqu’un du sérail, plus accepté. C’est pourquoi le problème de dauphin revient avec insistance dans le débat politique au sein du parti au pouvoir comme lors des années précédentes. Et le choix de Bodjona pour réaliser cette alternative devient crucial dans la géopolitique pour rassurer les occidentaux dont le régime des Gnassingbé ne peut pas s’affranchir à cause du pacte néocolonialiste. Faure Gnassingbé a du mal à se départir de ses amis colons en optant pour la rupture comme l’ont fait les pays du Sahel. Qui plus est, Faure Gnassingbé marche sur le fil du rasoir quand il s’agit de se prononcer sur les problèmes du Sahel. En tout cas, beaucoup d’observateurs constatent qu’il entretient du flou kafkaïen autour de la position de la libération de ces trois pays à savoir le Mali, le Burkina Faso et le Niger, dont il prétend être proche dans cette crise internationale ouverte entre ces pays et les Occidentaux. L’occident étant prévoyant a compris que Faure Gnassingbé ne pourrait plus être leur homme de la situation, surtout qu’ils sont en train de perdre du terrain en Afrique au Sud du Sahara, ce qui hypothèque leurs intérêts que la Russie est en train ravir. Raison de plus, beaucoup qualifient le retour de Bodjona comme un choix stratégique pour réaliser l’alternance politique au bon vouloir des maîtres dominateurs, histoire de perpétuer le système mafieux. Vrai ou faux ? L’avenir nous dira.

Mais une chose est certaine: il ne faut pas se méprendre sur le parcours politique de Bodjona Pascal. En effet, il faut se convaincre d’une chose: c’est le système dont l’homme à participer à la construction, qui l’a fait et l’a enrichi. Il est tout à fait normal que Bodjona Pascal est redevable à ce régime monarchique des Gnassingbé. C’est la raison pour laquelle beaucoup de Togolais croient à l’information selon laquelle Pascal Bodjona depuis son retrait
du gouvernement, entretiendrait toujours de bonnes relations avec son mentor. On susurrait que Bodjona continuait par rendre service à Faure Gnassingbé, et serait une sorte de taupe dans les renseignements au profit du pouvoir. Une information, il faut le dire, à prendre avec beaucoup de pincettes. D’ailleurs, si après toutes ces humiliations (garde-à-vue et emprisonnement) qu’il a subies dans cette affaire d’escroquerie internationale, Bodjona reste encore à la disposition du parti pour cette mission, il faut se rendre compte que c’est difficile d’être transfuge de ce parti au pouvoir si on est au pays. La solution sage, c’est de garder espoir d’être rappelé à d’autres fonctions plus importantes en fermant sa bouche.
Au finish, Faure Gnassingbé, avec dos au mur, a besoin d’avoir recours à quelqu’un qui puisse l’aider à sortir par la grande porte de l’histoire. Peut-être un déclic pour préparer le pays à l’alternance politique. Et on ose croire que ce déclic serait le retour de Pascal Bodjona, à moins que Faure Gnassingbé joue pour cette fois-ci un franc jeu pour sauver ce peuple qui est fatigué du règne des Gnassingbé.
Anges ADJANOR