Conformément à la loi organique, le parlement doit élire quatre journalistes qui vont siéger au sein de la Haute Autorité de l’audiovisuelle et de la Communication (HAAC). C’est chose faite le 29 décembre dernier. Ainsi Sas Gawou, de son vrai nom GAWOU Kodjo, journaliste et animateur de l’émission « Club de la presse » sur la radio Kanal FM,
Arimiyao TCHAGNAO, directeur de publication du journal « Nouvelle Opinion », Aimé Ekpe, directeur de publication du journal sportif « L »Equipe Sportive », Basile AGBO, directeur de publication de l’ancien journal « Scorpion Akéklé », aujourd’hui, réputé très proche du parti UNIR au pouvoir, élu comme membre de la société civile proche du pouvoir. Un autre journaliste de la presse officielle, en l’occurrence Kanworé Sambiani de l’Agence Togo Presse et un autre membre de la société civile Abete Pirenam sont aussi élus comme membres de la HAAC par les députés.

Il reste maintenant au Président de la République de nommer les trois autres membres pour que la nouvelle équipe de la HAAC entre en fonction.
Seulement voilà, même si le parlement fait la part belle à la presse privée togolaise en élisant quatre journalistes issus de son rang, beaucoup estiment que ces élus ne changeront jamais le rôle partisan et gendarme que les équipes successives de la HAAC ont joué. Des journalistes
victimes des décisions injustes de cette institution ont encore de mauvais souvenirs, quand il s’agit de sanctionner leurs confrères accusés de diffamation. Et surtout, il est démontré en tout temps que devant ces problèmes professionnels, les membres issus de la presse
privée sont rigoureux dans les sanctions infligées aux journalistes qui parfois n’enfreignent pas les règles de la déontologie et de l’éthique du métier dans l’exercice de la profession, Juste parce qu’ils ont fait le travail dans l’objectivité et avec impartialité en publiant des informations vraies dans certains dossiers qui incriminent des hommes du pouvoir. C’est ainsi que des membres de la HAAC prennent fait et cause pour des auteurs des crimes politiques et
économiques qui pourchassent des journalistes qui ont osé présenter des faits tels qu’ils sont dans leurs journaux. C’est curieux qu’au Togo, des membres d’une telle institution, au lieu de recourir à la loi qui régit la profession en demandant aux présumés incriminés dans les articles de presse, de rédiger des droits de réponse pour publication par ces journaux, sanctionne plutôt les responsables de ces médias. Et dans le pire des cas, demande aux incriminés de porter plainte devant les tribunaux, bref, ces membres de la HAAC motivent les
plaignants de recourir à la justice, l’autre instrument du pouvoir, de crucifier ces pauvres journalistes qui n’ont fait que leur travail selon la déontologie de leur métier.
Avec la nouvelle équipe en cours de composition, faut-il craindre le pire pour les journalistes du privé ?
Tout porte à le croire. La preuve, la presse privée a connu ces trois dernières années, des situations très difficiles et atroces: des suspensions de journaux allant jusqu’à quatre mois et en cascade, des emprisonnements de journalistes, des morts, etc. Des journaux critiques comme L’Indépendant Express, L’Alternative et Fraternité ont disparu des kiosques à cause de ces sanctions ou décès. Devant toutes ces situations, l’on se rappelle des réactions timides ou mitigées que ces journalistes nouvellement élus à la HAAC ont fait pendant qu’ils étaient à la tête de certaines organisations de presse. Tous ces mauvais souvenirs confortent les journalistes aujourd’hui de ce que Sas Gawou, Arimignao Tchagnao, Aimé Ekpé, Basile Komlanvi Agbo, issus de la presse privée ne feront pas grande chose pour protéger leurs confrères lorsque ces derniers seront confrontés à ces problèmes dits de « diffamation » dans l’exercice de leur fonction. Au contraire, comme l’ont fait Philippe Evegnon, Sabi Kasséré, et consorts, en « hâchant » leurs journalistes dans des sanctions sévères, ces nouveaux membres le feront autant afin de garder leurs privilèges auprès du pouvoir dont l’un des instruments de répression demeure la HAAC. Qu’on n’imagine pas que ces nouveaux membres de la HAAC prendront des décisions selon les textes qui régissent l’institution, mais selon le bon vouloir des tenants du pouvoir ou selon les plus forts! Tant que les institutions de l’Etat seront caporalisées ou inféodées au pouvoir, le peuple n’aura que les yeux pour pleurer, et les journalistes n’en seront pas épargnés, car il n’y a jamais eu des hommes forts et intègres à la tête de leur institution.
Ces nouveaux membres, vont-ils redorer l’image ternie de cette institution ternie par le zèle démesuré et militant des caciques du pouvoir qui composent l’équipe sortante ? Vont-ils défendre les intérêts de leurs confrères? Autant de questions auxquelles l’avenir répondra.
Anges ADJANOR