La 6e édition de la Semaine Africaine de la Microfinance (SAM) se tient du 16 au 20 octobre 2023 à Lomé. Une conférence au menu de cette rencontre a porté sur « les Institutions de Microfinance à l’épreuve des investissements: évaluer les risques et renforcer la résilience institutionnelle ». La Confédération des institutions financières (CIF) qui regroupe 6 réseaux de microfinance, participe pleinement à cette messe continentale, voire mondiale. Monsieur Modibo DEMBELE, Directeur Marketing, Communication et Partenariat du Réseau NYESIGISO au Mali, l’un de ces six réseaux, a regretté lors de cette conférence, le fait que certains investisseurs résignent à poursuivre leur accompagnement aux Institutions de Microfinance dans certains pays du Sahel, en arguant que ces pays sont dans une zone rouge.
Nous vous proposons l’interview qu’il a accordée à la Rédaction du site : « Corps Diplomatic News »

Bonsoir Monsieur DEMBELE (photo). Vous sortez d’une conférence organisée dans le cadre de la 6e édition édition de la Semaine Africaine de la Microfinance (SAM) qui se déroule depuis 48 heures dans la capitale togolaise, et vous semblez ne pas être d’accord sur les arguments développés par certains partenaires qui ne sont pas souvent au rendez-vous pour le financement des IMF notamment dans certains pays du Sahel. Quels sont alors vos arguments ?
Je suis Modibo DEMBELE. Je suis Directeur Marketing, Communication et Partenariat du Réseau NYESIGISO au Mali mais je participe dans le cadre d’un mouvement unique dans la sous-région, la CIF qui est composée de six réseaux de microfinance dans 5 pays de la sous-région et je commence par le Togo avec la FUCEC, ensuite le Benin, le Sénégal avec le PAMECAS, il y a le Burkina qui abrite notre siège avec la RCPB et le Mali qui a deux réseaux, notamment le NYESIGISO et le KAFO JIGINEW.

Evidemment le thème a été un thème capital pour nous. Lorsqu’on nous demande de prévoir l’avenir sur 5ans, mais avant d’aller à 5 ans, c’est juste un cri de cœur que j’ai eu à lancer auprès des investisseurs, nous avons des défis immédiats à relever. La zone sahélienne traverse des moments difficiles. Il y a la crise politique, la crise politique sécuritaire et ce n’est pas en ce moment que les investisseurs doivent nous lâcher en disant que ce sont des pays qui ne sont pas sécurisés. La sécurité, cela se cherche, et personne ne veut l’insécurité. Mais nous reconnaissons nos amis, les vrais amis pendant les moments difficiles. Nous souhaitons que les investisseurs revoient leurs calendriers et leurs copies pour nous accompagner pour que nous puissions sortir rapidement des difficultés financières dans lesquelles nous nous trouvons.
Quelle sera l’issue de cette conférence ?
L’issue de cette conférence, je suis d’abord heureux du fait que la salle est remplie d’investisseurs. Nous avons des partenaires qui sont là. Ils sont en train de préparer leurs points d’interrogations. C’est un cri de cœur que je leur lance pour que les points d’interrogation disparaissent et qu’ils continuent de nous soutenir et de nous accompagner.
Après cette rencontre de Lomé, quelles seront les actions ultérieures que vous allez mener en tant qu’Institution de Microfinance ?
Les actions sont déjà en cours. Des contacts B to B se font déjà sur place et vont se poursuivre. Dans les jours à venir, nous rencontrerons d’autres partenaires. Nous souhaitons que dans leurs critères d’accompagnement des IMF, ils enlèvent les termes comme insécurité, zone rouge, zone orange, etc. Nous nous vivons dedans. Moi j’ai rencontré un investisseur, un Africain comme moi et il me dit qu’il ne peut pas aller au Mali parce que c’est une zone rouge. Moi je vis au Mali, ma famille vit au Mali et la clientèle est au Mali. Comment on peut servir la clientèle en disant que tel ou tel pays est une zone rouge? A travers mon cri de coeur, les investisseurs auront l’opportunité de pouvoir réfléchir mille fois pour voir et revoir les critères d’accompagnement des IMF au niveau du Sahel.
Monsieur le Directeur, votre mot de la fin?
Je suis ravi d’être à Lomé et de transmettre le message non à un investisseur isolé mais mon cri de cœur est allé au monde entier. Les investisseurs avec lesquels on travaillait depuis des décennies et aujourd’hui nous sommes en difficulté, et ils se posent des questions et ce n’est pas bien. Je prends le cas de la Palestine qui était en difficulté. Et ses partenaires ne l’avaient pas abandonnée, au contraire, ils l’ont accompagnée jusqu’à ce qu’elle sorte de l’ornière. Mais nous autres sahéliens, on s’éloigne de nous, estimant que nous sommes dans une zone rouge. De grâce, nous demandons à nos partenaires qui nous connaissent et nous accompagnent depuis longtemps, de se surpasser et de continuer à être à nos côtés. Ce n’est pas à cause d’une crise transitoire qu’on va laisser tomber ses amis de vielles dates.
Monsieur le Directeur, merci pour votre disponibilité.
C’est nous qui vous remercions et vous félicitons du travail d’informations que vous faites à l’endroit du monde entier à travers votre organe « Corps Diplomatic News », basé à Lomé au Togo.