La junte militaire au pouvoir au Gabon depuis le 30 août 2023 a mis en place le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI). Cette structure marque des pas avec la remise en scelle des institutions. C’est ce qui fait réagir Sosthène NGOKILA, Diplomate gabonais et Ministre Plénipotentiaire. Nous vous proposons la deuxième partie de sa tribune intitulée: «le CTRI devrait il avoir peur des condamnations de la communauté internationale». Lisez plutôt.

Sosthène NGOKILA
Depuis le 04 septembre 2023, le Gabon a un Président de la Transition ayant prêté serment. Le nouveau Chef de l’État gabonais avait, très tôt, rassuré les partenaires bilatéraux et multilatéraux sur le respect des engagements internationaux initialement pris par le Gabon. Malgré ce gage de responsabilité, la communauté internationale n’a pas oublié de condamner ce coup de force considéré comme un moyen non constitutionnel de prise de pouvoir. Et ce, malgré le contentement général de la population gabonaise.

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Ce qui semble être une incompréhension pour le public, je parle de la condamnation « mécanique » du coup d’état, est pourtant un principe acquis dans les relations internationales. C »est pour cela que, dans un post précédent, je rassurais les militaires gabonais qu’ils ne devraient pas craindre cette réaction « de principe » de ladite communauté internationale. Ne pas craindre, oui, mais s’en contenter serait une grave erreur stratégique. Les partenaires attendent plutôt, en retour, des gages palpables. C’est à ce niveau que le gouvernement du CTRI, qui s’est choisi un diplomate de carrière comme Ministre des Affaires Étrangères (S.E.M. Régis Onanga Ndiaye) doit mettre en branle la diplomatie afin de rassurer, convaincre et relancer la coopération avec les différents partenaires. Il y a quelques constances derrière les réactions de ces partenaires. Pour les organisations internationales, et je l’avais déjà indiqué dans la première partie de cette réflexion, il s’agit principalement des principes inscrits dans leurs chartes constitutives: la paix internationale, le respect de l’ordre constitutionnel, les droits de l’homme ainsi que la coopération internationale dans les enjeux globaux ou régionaux. Pour les partenaires bilatéraux que sont les Etats, l’équation est presque simple: il s’agit du maintien, voire du raffermissement, de leurs intérêts multiformes au Gabon.
Planté ce décor, la diplomatie de la transition, au-delà de la nécessaire réforme de l’outil diplomatique (j’y reviendrai), devrait avoir trois (3) missions principales:
1) expliquer et rassurer les partenaires sur le caractère salutaire (pour tout le peuple gabonais comme pour les communautés étrangères) de la prise de pouvoir. La sauvegarde des droits de l’ancien Chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba, qui par ailleurs est malade, est un point qui milite déjà en faveur du CTRI sur le plan international;
2) convaincre par des actes de bonne gouvernance transitoire, comme par exemple s’assurer du paiement régulier des cotisations au sein des organisations internationales et respecter les libertés individuelles malgré le caractère « exceptionnel » de la transition;
3) confirmer les engagements de coopération avec les partenaires en poursuivant les projets engagés sous l’ancien régime, par exemple l’organisation de certaines commissions mixtes préalablement convenues.
Le gouvernement du Premier Ministre, Monsieur Raymond Ndong Sima, qui a reçu des orientations ad-hoc de la part du Chef de l’Etat, a certainement mis son intelligence à contribution afin d’appliquer les instructions reçues. Les présentes propositions ne sont qu’une modeste contribution d’un diplomate qui aime son pays.
Ce qu’il y a à retenir est que: « le Gabon a beau être sous un régime de transition, la diplomatie, elle, est permanente ».
Sosthène NGOKILA
Diplomate de Carrière
Ministre Plénipotentiaire