A l’initiative de l’Ambassade du Gabon au Togo, Bénin et Ghana, un séminaire de sensibilisation a eu lieu ce samedi 08 avril 2023 dans un grand hôtel de Lomé. Ce séminaire a été animé par une délégation de deux juges mandatés par la Cour Constitutionnelle de la République du Gabon pour la circonstance. Selon les organisateurs, ce séminaire vise essentiellement à sensibiliser les Gabonais vivant au Togo, Bénin et Ghana sur le processus électoral en cours dans leur pays.

A l’entame de la rencontre, c’est au Chargé d’Affaires à l’Ambassade du Gabon, Monsieur ELIE Ndong Jérémie que l’honneur a échu de présenter le mot de bienvenue. Celui-ci, dans ses propos, a témoigné sa reconnaissance aux autorités gabonaises avant de remercier ses compatriotes participants venus des trois pays de sa juridiction diplomatique à savoir le Togo, le Bénin et le Ghana. Aussi, les a-t-il conviés à prêter des oreilles attentives au message qui leur sera délivré.

C’est après ce cérémonial d’ouverture que, pendant plus de cinq heures d’horloge, les juges Lovise ANGUE, Vice-Doyenne de la Cour Constitutionnelle et Lucie AKALANE ont tenu en haleine près de deux cents Gabonais venus pour les écouter dans le cadre de ce séminaire de sensibilisation.

Prenant la parole, Madame Lovise ANGUE, a témoigné sa gratitude aux autorités de l’ambassade et celles togolaises pour l’accueil réservé à la délégation de la Cour Constitutionnelle du Gabon qu’elle s’honore de diriger. Ensuite, elle a apprécié la mobilisation de ses compatriotes et surtout l’intérêt qu’ils portent au sujet en opérant un choix rationnel de mettre en veilleuse leurs occupations de la journée.

Rentrant dans le vif du sujet, Madame ANGUE a planté le décor du processus démocratique avec lequel le Gabon a renoué depuis 1990 jusqu’alors, processus caractérisé par la non maitrise des règles régissant les élections. Au Gabon, a-t-elle martelé, il y a une bonne dizaine de textes de lois qui traitent les questions électorales, et il urge, selon elle, que les citoyens connaissent la quintessence de ces textes afin d’éviter des polémiques inutiles et des situations qui sapent le vivre-ensemble. D’où la nécessite de cette démarche de la Cour Constitutionnelle, pour permettre une appropriation desdits textes dans les départements et provinces du pays et même au niveau de la diaspora.

En effet, dans une première communication, la Juge Lucie AKALANE a passé au peigne fin, les notions d’élection, de liste électorale, des conditions d’inscription sur les listes électorales biométriques, du centre gabonais des élections (CGE: sa composition, sa mission et ses démembrements), les conditions d’éligibilité des candidats aux différentes élections, de la durée des propagandes électorales des différents scrutins, la caution à payer pour les différentes élections, de la gestion du contentieux électoral, etc. Elle a su expliquer aux participants la nécessité de s’impliquer au processus électoral à travers la révision des listes électorales qui dure 30 jours et qui est ouverte aux Gabonais ayant 18 ans révolus et n’ayant commis aucun crime, ni connu de faillite dans leurs affaires. Aussi, a-t-elle édifié les participants sur le fait que l’inscription sur les listes est personnelle et qu’il n’a aucune dérogation à ce sujet. « Le citoyen est alors convié à s’approcher des commissions d’enrôlement mises en place par le Centre Gabonais des Elections afin de s’acquitter de son devoir et rendre la liste fiable », a-t-elle martelé.

La seconde communication faite par la Cheffe de délégation, Madame Lovise ANGUE. Cette communication est en réalité un prolongement de la première. Madame ANGUE s’est appesantie sur les spécificités des commissions d’enrôlement à l’intérieur du Gabon et dans les missions diplomatiques et consulaires, l’identité des 7 membres du Centre Gabonais des Elections, la composition des bureaux de vote, les mandats électoraux, les conditions d’éligibilité pour les candidats à l’élection présidentielle, la procédure de gestion des contentieux électoraux. On retient de son développement que le Président de la commission d’enrôlement dans les missions diplomatiques est l’Ambassadeur. Et pour être candidat à une élection présidentielle, il faut être Gabonais de souche ; pour ceux qui se sont naturalisés, ils doivent patienter jusqu’à leur 4e génération qui est habilitée de faire acte de candidature. Aussi, a-t-elle expliqué à son auditoire la manière dont les contentieux électoraux sont gérés en sa qualité de Juge de la Cour Constitutionnelle.

Par ailleurs, la séance s’est poursuivie avec des échanges des questions réponses sur les zones d’ombres liées au processus électoral actuellement en cours et aux précédents surtout celui lié à la présidentielle de 2016 en ce qui concerne la fiabilité du fichier électoral et de la transparence des élections. Des réponses ont été données aux participants et la Délégation a pris note de certaines préoccupations qui seront remontées aux autorités du pays.
C’est sur une note de satisfaction générale que le séminaire a pris fin en ces termes: «Vous devez vous impliquez réellement dans les processus électoraux. Et nous n’accordons notre confiance aux élus que pour 5 ans alors que le Gabon est là d’éternité en éternité. Une fois que les résultats sont annoncés et proclamés définitivement, il faut les accepter. Il n’a plus de frontières entre les ethnies. Si nous avons échoué avec le clivage, vous, vous ne devez plus rentrés dans les mêmes travers », a conseillé Madame ANGUE avant de poursuivre en disant que « le secret dans une élection se trouve dans les listes électorales et dans les bureaux de vote ».

Signalons qu’au moment où une délégation de la Cour Constitutionnelle du Gabon tient ce séminaire à Lomé, d’autres délégations de cette institution se trouvent en Afrique du Sud, au Maroc et au Sénégal pour la même cause. Des rapports seront établis à la fin de ces missions et la Cour va rassembler les parties prenantes aux élections pour des pistes d’amélioration des processus électoraux à court, moyen et long terme.
Pour rappel, le Gabon devrait tenir pour la première fois dans son histoire, des élections générales (présidentielles, législatives et sénatoriales) courant le mois d’Août 2023./.