La ministre de la promotion de l’investissement, Rose Kayi Mivedor, puisqu’il s’agit bien d’elle, a passé en revue les grands axes de la politique d’industrialisation du gouvernement togolais. D’après les explications qu’elle a données auprès de nos confrères d’ « Imagine Demain », le gouvernement mise sur des pôles de compétitivité et travaille à lever les obstacles à l’industrialisation.

Pour aborder le sujet, la Ministre MIVEDOR (en photo) est partie du constat selon lequel les pays qui ont réussi à relever le défi de l’industrialisation ont poursuivi une stratégie ciblée sur quelques industries clés. Cela leur a permis de donner le coup d’envoi de leur transformation économique pour passer, après, à des industries à plus forte valeur ajoutée. La ministre en charge de l’investissement cite l’exemple des pays d’Asie du Sud-Est mais aussi celui de l’Ile Maurice. Dans les années 80, ce pays insulaire avait concentré ses efforts sur le tourisme, le textile et le sucre, pour ensuite se diversifier pour devenir une économie solide. Au Togo, « la stratégie industrielle en cours d’élaboration se concentrera sur des secteurs prioritaires appelés pôles de compétitivité », explique la ministre en charge de l’investissement.
« Ces pôles de compétitivité visent à offrir des opportunités d’investissement pour le secteur privé local, à améliorer la sécurité alimentaire, et enfin à permettre la substitution compétitive aux importations » souligne la ministre qui assure que les pôles de compétitivité permettront au secteur industriel d’être le moteur de la transformation de l’économie togolaise.
Dans sa feuille de route, le gouvernement togolais affirme sa volonté de relever les défis de l’industrialisation et d’améliorer des facteurs productifs pour encourager les investissements.
Il a donc consulté, octobre ou novembre dernier, des acteurs du public et du privé dont les groupements interprofessionnels sur les principaux défis liés à l’exercice de leurs activités ainsi que les différentes attentes. Les principaux défis majeurs relevés, que rappelle Kayi Mivedor sont « la concurrence déloyale, le coût et la disponibilité de l’énergie et le manque de main-d’œuvre qualifiée ». Le gouvernement reste « attentif » et « étudiera toutes propositions pour une résolution durable » de la question de la concurrence déloyale. Il travaille également activement sur « un programme d’électrification ambitieux qui permettra d’augmenter la disponibilité de l’énergie, l’accès à l’électricité dans les zones rurales et de réduire les coûts de l’énergie pour les entreprises
locales », ajoute Madame Mivedor. Quand à la question de la main d’œuvre qualifiée, « les Instituts de Formation en Alternance pour le Développement (IFAD) sont un exemple de l’engagement du gouvernement togolais dans l’amélioration durable de son capital humain. », justifie la ministre. Celle-ci insiste aussi sur la détermination du même gouvernement à soutenir les entreprises locales dans leur transformation numérique à encourager l’innovation et investir dans les compétences et talents locaux. «Le gouvernement souhaite de ce fait encourager les partenariats entre les entreprises locales et les investisseurs étrangers en vue de créer des opportunités de transferts de compétences et des synergies qui bénéficieront à l’ensemble de notre économie », ajoute-t-elle.
La problématique d’industrialisation au Togo
A l’horizon 2030, la nouvelle politique togolaise vise à augmenter la part des industries manufacturières dans le PIB ; à réduire le déficit de la balance commerciale en augmentant
les exportations des produits industriels dans les exportations de biens ; à augmenter la transformation des produits agricoles par le développement des chaînes de valeurs ; puis à
développer les PMI et améliorer l’intégration des femmes et des jeunes dans un marché de travail formel. Kayi Mivedor fait constater qu’au cours des dix dernières années, le Togo a connu un changement structurel marqué par une diminution de la contribution du secteur agricole au profit de l’industrie dans le PIB. Le secteur industriel au Togo contribue à une hauteur de 22,7% du PIB en 2021 contre 15% en 2010. D’ ailleurs, « la production industrielle du Togo est restée globalement stable durant les deux dernières années, malgré une fluctuation plus élevée de l’industrie extractive en période post-covid. ». La ministre en profite pour saluer la résilience du secteur industriel togolais qui a prouvé sa robustesse pendant la crise sanitaire. Aussi, elle encourage le secteur privé à partir à l’assaut de nouveaux marchés « afin de stimuler l’investissement productif ». Pour ce faire, elle l’incite à utiliser trois instruments essentiels: le régime de la zone franche, le code des investissements et la Plateforme Industrielle d’Adétikopé. La zone franche offre un environnement d’investissement attractif, avec des avantages fiscaux et douaniers.
D’ores et déjà le gouvernement, en Conseil des ministres ce mercredi 5 avril 2023, a annoncé la création de la Société Togolaise de Manganèse (STM), une entité d’État qui sera chargée de valoriser le manganèse du pays.