La capitale togolaise Lomé, a abrité du 26 au 30 décembre 2022, un atelier de cinq jours destiné à renforcer les capacités des points focaux et des professionnels du traitement des troubles liés à l’usage des substances psychoactives sur les outils de collectes des données WENDU, PAENDU et ARQ. Les participants à cette formation étaient des masters de santé mentale et les psychologues des sites de prise en charge des addictions, et les points focaux districts et régions du Programme National des Addictions aux Produits Psycho-actifs (PNAPP).

C’est un secret de polichinelle que les troubles liés à la consommation de substances psychoactives et de drogues constituent un problème de santé publique, de développement et de sécurité dans les pays à revenus élevés et les pays à faibles revenus à travers le monde entier. Des données scientifiques ont révélé que ce sont des troubles cérébraux multifactoriels associés à des problèmes de santé, de pauvreté, de violence, de criminalité et d’exclusion sociale. La consommation de drogues continue de menacer gravement la santé publique et le développement social dans les pays francophones de l’Afrique de l’Ouest.
Alors que les communautés en Afrique de l’Ouest souffrent des conséquences psychosociales, économiques et sanitaires de l’usage de drogues, l’indisponibilité de données fiables pour rendre compte de l’ampleur, des modes et des tendances de ces consommations constitue un obstacle majeur en matière de prévention et pour les efforts de réduction de la demande dans la région.
Pour pallier à cet état de choses, les gouvernements nationaux, ainsi que les organismes régionaux et mondiaux, se sont tous engagés à améliorer la qualité et la comparabilité des informations recueillies sur la consommation de drogues illicites. C’est dans cette optique que ledit atelier trouve sa quintessence.
Avec l’appui du Réseau Epidémiologique Ouest Africain sur l’Usage de la Drogue (WENDU: West African Epidemiology Network on Drug Use), le Togo doit fournir périodiquement différents types de rapports. Il s’agit du rapport WENDU à envoyer à la CEDEAO chaque 6 mois, du rapport PAENDU (Pan African Epidemiology Network on Drug Use) à envoyer à l’Union Africaine une fois par an et enfin du rapport ARQ (Annual Report Questionnaire) qui est envoyé à l’ONUDC.

Questionnaire annuel destiné aux États Membres pour recueillir des données récentes, actualisées et fiables sur l’offre, la demande ainsi que le système de justice pénal relatif aux drogues, l’ARQ demeure l’outil central du système de contrôle des drogues de l’Organisation des Nations unies pour surveiller et comprendre l’état du problème mondial des drogues.
Et le PNAPP mis en place en 2020 par le ministère de la santé, a pris la balle au bond: « A partir de 2023, les rapports qui vont remonter du terrain seront des rapports de très bonne qualité. Nous avons été interpellés plusieurs fois par des établissements scolaires et des communautés qui ont constaté des cas de consommation des substances psychoactives et quand ils nous interpellent pour des actions, nous devons envoyer nos acteurs qui sont au niveau des districts et des régions. Nous avons profité pour renforcer leurs capacités d’intervention en milieu scolaire et dans les communautés parce que pour pouvoir faire la prévention dans ces milieux, il faut des outils adaptés sinon, c’est le revers de la médaille.», a martelé Dr AHO Komivi Mawusi, Coordonnateur du programme PNAPP au Ministère de la Santé de l’Hygiène Publique et de l’Accès Universel aux soins.
Et justement au Togo, ce sont des centaines de jeunes dont l’âge est compris entre 15 et 20 ans qui s’adonnent à la drogue : « Ce sont des enfants et adolescents qui ont commencé tôt la consommation des substances, et la substance qui vient en première position est l’alcool, ensuite le cannabis. Et nous pouvons constater visiblement les conséquences dans les structures de prise en charge de santé mentale », a précisé M. Monsieur BOHM Mawouéna, Secrétaire Permanent Adjoint du Comité National Antidrogue.
Dans la région des Savanes située au Nord du Togo, le phénomène bat son plein. « La situation là-bas ne se passe très bien concernant les substances psychoactives essentiellement l’alcool. Mais, il y a les conducteurs de taxi-motos qui consomment du café qu’ils mélangent au tramadol qu’ils appellent tramol pour avoir de l’énergie pour travailler », a laissé entendre Monsieur BOMBOMA Matiéyédou. point focal PNAPP.
Selon les organisateurs de cet atelier, ces différents rapports WENDU, PAENDU et ARQ visent à fournir aux décideurs des éléments nécessaires pour des prises de décisions politiques et pratiques fondées sur des données probantes. D’où le bien fondé d’un tel atelier de formation des acteurs impliqués dans le traitement des troubles psychoactifs pour une familiarisation avec lesdits outils.