L’Assemblée nationale togolaise a adopté ce jeudi 20 octobre 2022, la loi de finances rectificative qui lui a été soumise par le gouvernement.
‘La loi de finances rectificative ressort en hausse de 5,4% par rapport à la loi de finance initiale. Ainsi, elle s’équilibre en recettes et en dépenses à 1.875,8 milliards de Fcfa contre 1779,2 milliards FCFA, initialement prévus soit une augmentation de 95 milliards de FCFA.

Le gouvernement justifie cette modification par la dégradation du contexte économique international et togolais avec une poussée inflationniste et les impératifs sécuritaires.
Egalement l’augmentation des salaires des fonctionnaires et certaines mesures prises à mi-septembre pour soulager le portefeuille des consommateurs et aider les ménages les plus défavorisés sont avancées comme des raisons qui sous-tendent ce collectif budgétaire.
Mais une analyse minutieuse de certaines lignes figurant dans la loi de finance initiale de 2022 ( 1779,2 milliards) montrent à suffisance que ce collectif ne vaudrait pas la peine.
Ainsi des lignes comme les charges de trésorerie ( dettes intérieure et extérieure) et les crédits globaux ( dotations) occupent respectivement 25 % et 22% de ce budget soit 445 et 391 milliards, ce qui donne au total 836 milliards gérés uniquement et en toute opacité par le ministère des finances.
Et si dans un budget 25% doivent être consacrés au payement de la dette, cela laisse vraiment à désirer. Voilà pourquoi les Togolais sont saignés à travers les multiples taxes et impôts tous azimuts.
Il est temps que les organes impliqués dans le contrôle des finances publiques écarquillent leurs yeux sur la gouvernance économique du pays.
L’inspection générale des finances, la CENTIF (Cellule nationale de traitement des informations financières), l’Inspection générale de l’Etat, et la Haute autorité de prévention et de lutte contre la corruption (HAPLUCIA) et la Cour des Comptes jouent leur partition dans le contrôle des finances publiques et la lutte contre la corruption.
La sensibilisation pour l’orthodoxie financière a assez duré et le moment est venu d’agir.
Par-dessus toutes ces institutions, figure l’Assemblée nationale, celle-là même qui devrait jouer le rôle de sentinelle. Elle est aphone sur ce sujet de la transparence budgétaire.
Et comme l’avait si bien dit Guy Carcasonne, juriste français spécialiste du droit constitutionnel: « l’Assemblée nationale a tous les pouvoirs mais manque de députés pour les exercer ».

Les députés togolais semblent démissionner devant leur obligation constitutionnelle consistant à contrôler de l’action gouvernementale. Curieusement, ils se plaisent en disant à qui veut les entendre qu’ils accompagnent l’action du gouvernement. Ce qui fait qu’aujourd’hui , on n’a pas une traçabilité en ce qui concerne les finances publiques et les lois de règlement qui sont censées donner une photographie des recettes réalisées et dépenses effectuées peinent à exister.
Au Bénin, Patrice Talon n’a pas pris 05 ans ni 10 ans pour sensibiliser à la bonne gouvernance économique. Des sanctions pleuvent à tout bout de champ. Ceci pour dire que la lutte contre la corruption ne se fait pas à travers des slogans, mais à travers des actes, à travers une réelle volonté politique d’aller de l’avant.