Le tronçon Vogan-Anfoin sur la route Lomé-Vogan-Anfoin est en dégradation poussée après quelques mois seulement de sa réalisation. En effet, moins de deux ans, la route Lomé-Vogan-Anfoin connaît déjà une dégradation avancée au niveau du pont de Boko, village qui est à cheval entre la préfecture des Lacs et celle de Vo. Pourquoi cette route qui a eu une histoire troublante avec un détournement de 26 milliards de francs CFA alloués pour sa réalisation dont les auteurs sont connus, fait-elle encore parler d’elle aujourd’hui ? Nous avons fouiné dans le dossier pour trouver les vrais responsables du travail bâclé sur ce tronçon.
En effet, selon des informations reçues de sources sûres, au moment de la réalisation de cet ouvrage, les matériaux utilisés n’étaient pas de bonnes qualités. C’est ainsi que la latérite utilisée venant du village de Dagbati était malheureusement composée de boue, inadaptée aux travaux qui sont réalisés sur ce tronçon, et de surcroît, pendant la pluie. Devant les difficultés dues à la pluie, les travaux étaient abandonnés au soin des ouvriers qui n’étaient pas spécialistes de la construction des ponts et chaussées, c’est-à-dire techniciens en la matière, car et les agents de contrôle de l’AGCET et les Chinois s’étaient abrités pour le rafraîchissement. Rappelons que la direction de l’AGECET se trouvait sur la route Mélonkou à quelques encablures de la maison de l’actuel Ministre des Finances dont le prédécesseur fut éclaboussé par le détournement des 26 milliards cfa destinés à la réalisation de cet ouvrage d’art.
Il faut reconnaître que les agents de la mission de contrôle sont de tout temps soudoyés par les Chinois afin que ces derniers ne jouent pas efficacement leur rôle sur le terrain. Et dans ce dossier de ce tronçon, ces agents de contrôle étaient corrompus par l’entreprise chinoise. C’est ainsi que des témoignages concordants font état de la vente des déblaies offertes par les Chinois à ces agents qui les revendaient à leur profit. Parfois, ces agents recevaient des pots-de-vin. Toute chose qui justifiait leur laxisme ou leur passivité face au travail bâclé des entreprises. Parfois ces Chinois les amenaient dans les bistrots pour les soûler, en les détournant de faire un contrôle sérieux. Ce manque de contrôle efficace constitue la cause de la dégradation rapide de cet ouvrage d’art construit à coup de milliards de francs empruntés par l’Etat, et que le contribuable togolais va rembourser sur plusieurs années. Et le comble, c’est que l’ingénieur chinois affecté sur le lieu pour la réalisation de cette route n’était pas compétent dans ce domaine de terrassement, car il était plutôt spécialiste de la machine finisseur dans laquelle on envoie du goudron dont le produit final s’appelle (arrobée). Comment peut-on mettre un technicien de finissement à la tête de l’équipe de terrassement ?
Résultat de cette incompétence: tout le travail était bâclé, et cela s’est traduit par le revêtement rapide du goudron issu de la latérite remplie de boue sur la voie en bitumage, dont les conséquences sont désastreuses aujourd’hui. Ce mauvais travail était entretenu par ces agents de contrôle, à cause de leurs propres intérêts. Ces agents contrôleurs de l’AGECET sont reconnus pour l’indélicatesse dans leur mission. Les Chinois leur offraient des déblaies (sable recueilli après déblayage), qu’ils revendaient aux usagers. En plus, ces Chinois leur offraient des « take away » pour la dégustation. Au lieu qu’ils arrêtaient les travaux pendant la pluie, ils préféraient les laisser se poursuivre, sachant bien que ces travaux ne seraient pas bien faits, et que dans peu de temps la route va connaître une dégradation avancée.
Voilà une fois encore comment des fonctionnaires d’Etat qui, prompts à la corruption, aux retro-commissions, aux pots-de-vin, aux dessous de table, bref à l’immoralité, continuent de compromettre le développement du pays par leur indélicatesse. Si la résistance de nos routes sous l’effet des intempéries pose problème, c’est dû à la corruption de ces agents de la commission de contrôle.

Il est révoltant de constater que des ouvrages d’art réalisés à coup de l’argent emprunté connaissent en espace d’une courte durée une dégradation avancée, exigeant une sorte de replâtrage à défaut d’une reprise des travaux. Des sources indiquent que la corruption dans le domaine des BTP serait légitimée par les autorités togolaises compétentes pour la simple raison que les travaux de réfection ou replâtrage des tronçons seraient confiés aux entreprises appartenant à leurs réseaux. Et cet argent de réparation serait à la charge du contribuable togolais. C’est pourquoi d’ailleurs les mêmes ouvrages d’art engloutissent d’énormes fonds.
Dans tous les ministères, il existe un département qui s’occupe des marchés publics, de suivi et contrôle de l’effectivité des commandes. Au département ministériel des infrastructures ou travaux publics, une direction de contrôle des travaux sur le terrain vérifie si le travail est bien fait selon les clauses du cahier des charges, et surtout, si les matériaux utilisés pour la réalisation des ouvrages d’art répondent aux normes requises. Seulement voilà, des agents véreux sont envoyés sur le terrain pour cette mission de contrôle. De tout temps il est constaté que la construction des routes ne s’inscrit pas dans les règles de l’art. Malgré cela, aucune sanction n’est prise à l’encontre de l’entreprise en charge de ces travaux, parce que, justement elle est protégée par ces agents véreux qui se remplissent les poches. Une situation qui continue et démontre à suffisance que la mal gouvernance est un sport favori pour les autorités togolaises.
La dégradation rapide de cette portion de route Lomé-Vogan-Anfoin est une illustration parfaite de la mauvaise gestion dans le BTP, qui ne connaît que du gâchis! Madame le Premier Ministre et son Ministre des infrastructures sont vivement interpellés dans ce dossier. Ces contrôleurs et l’entreprise doivent faire l’objet d’une enquête sérieuse. Nous détenons les noms de ces agents qui ont eu pour mission de contrôler cette portion de voie de la route Lomé-Vogan-Anfoin, mais nous n’allons pas nous substituer aux autorités compétentes pour situer les responsabilités et prendre des sanctions idoines à l’encontre des coupables.
Anges ADJANOR (Journaliste-écrivain)