Aujourd’hui, en parcourant une fois encore le message des Evêques du Togo à deux mois du jubilé d’or de la célébration de la nation togolaise, dont le titre est « ELECTION PRESIDENTIELLE 2010: UN DEFI A RELEVER EN FAVEUR DE LA PAIX », on se rend compte que le déficit de confiance entre les gouvernants et les gouvernés s’est exacerbé à partir de cette élection, que les Evêques ont souhaité le vœu que le vote des Togolais se passent dans « le contexte de joie, de fête, de bonheur ».
En effet, les évêques ont appelé tous les acteurs politiques de la société civile et la population à « contribuer, tous et chacun, à cet évènement de joyeuse jubilation. Ainsi s’exclamaient-ils, en exprimant leur joie en ce terme : « Voter dans la joie et dans la paix, quel cadeau cela serait pour notre pays et pour tous ses habitants ! ».
En poursuivant la lecture de ce paragraphe du message intitulé: «Voter comme en fêtant », les Evêques lancent encore une fois comme ils ont l’habitude de la faire au moment où le pays est dans un état critique, un appel pour justifier l’importance de ce message à la veille de l’indépendance. « Voilà pourquoi, une fois encore, nous voudrions lancer un appel à tout le peuple et à chacune de ses composantes : « Le Togo appartient à tous et c’est ensemble que nous en ferons un havre de paix ; c’est en s’acceptant mutuellement, en accueillant les apports les uns des autres, sûrs que nul ne peut jamais être fort, ni intelligent tout seul, que nous dissiperons les ténèbres pour faire advenir un jour nouveau », mettant en garde tous les acteurs politique et le peuple. Une sonnette d’alarme ignorée par le pouvoir qui a une fois encore voler le vote des populations.
Lorsque les Evêques rappelle que le Togo appartient à tous, est-ce que les dirigeants de ce pays ont tenu compte de cette réalité reprise dans la constitution qui stipule que les ressources du pays doivent être équitablement réparties ? Aujourd’hui, la main sur la conscience, je peux sans ambages, confirmer que « c’est une minorité qui s’accapare les richesses de l’Etat, créant ainsi un grand fossé entre les gouvernés qui végètent dans la misère et les gouvernants qui vivent dans un luxe insolent. Comment les gouvernants et les gouvernés peuvent être ensemble pour faire du Togo « Un havre de paix », dont parlaient les Evêques ?
« En s’acceptant mutuellement, en accueillant les apports les uns des autres, sûrs que nul ne peut jamais être fort, ni intelligent tout seul, que nous dissiperons les ténèbres pour faire advenir un jour nouveau », conseillaient les Evêques à cette année. Comment les gouvernants et les gouvernés peuvent-ils rester ensemble pour relever les défis de l’heure, si les gouvernés constatent que leurs dirigeants abusent d’eux, en les exploitant comme des bêtes de somme ? Regardez ce qui se passe aujourd’hui dans cette période de vie chère, où le pouvoir d’achat dégringole de jour au jour, mettant le peuple dans l’incapacité de jouir du strict minimum vital, alors que les dirigeants avec leurs proches et familles jouissent bien des délices du pouvoir, à travers des détournements de deniers publics, la corruption, des scandales financiers et des paradis fiscaux.
Comme le défi « famine » ne suffisait pas s’y est greffé le défi sécuritaire avec des menaces terroristes ou attaques dont les principales victimes demeurent des citoyens vulnérables et leurs frères en armes. La lutte pour le terrorisme pourrait être efficace si ce qu’écrivaient les Evêques à la veille de l’élection présidentielle de 2010 était pris en compte par les gouvernants ou le pouvoir RPT-UNIR, c’est-à-dire : « En s’acceptant mutuellement, en accueillant les apports les uns des autres, sûrs que nul ne peut jamais être fort, ni intelligent tout seul, que nous dissiperons les ténèbres pour faire advenir un jour nouveau ». Tel n’est pas malheureusement le cas, car comment un peuple martyrisé pendant des années, pourrait-il accepter le bras tendu des autorités pour combattre le terrorisme ? Or, dans cette lutte, « nul ne peut jamais être fort, ni intelligent tout seul pour venir à bout de ces terroristes dont la présence devient de plus en plus menaçante pour le Togo. « Accueillir les apports les uns des autres, peut contribuer à la réduction de la puissance de ces hommes sans foi ni loi qui rôdent dans la sous-région. Comment ce déficit de confiance dû à la mal gouvernance et la politique de violence à l’égard du peuple peut-il être anéanti, pour que l’esprit de fraternité, de solidarité et de tolérance renaisse au Togo ?
En définitive, l’intention coûte que coûte de conserver le pouvoir qui devient quelque chose d’existentiel pour certains d’une part, et le bisness politique pour d’autres acteurs politiques adversaires à travers leur versatilité politique due au manque de conviction ferme, qui les conduit dans les bras des conservateurs du régime, ne peuvent contribuer à un évènement de « joyeuse jubilation » qui doit se traduire premièrement à travers le respect des Togolais. Sans cela, chacun n’aura pas son mot à dire et sa pierre à apporter pour l’édification de la Nation.
A la lumière de ce message des Evêques du Togo, à la veille de l’élection présidentielle de 2020, qui devait baliser la voie à une vraie concorde nationale, mais n’a pas été réalisée, je crains que le chemin est encore loin pour parvenir à un pacte social. Faure Gnassingbé aurait dû accepter sa défaite et favoriser l’alternance d’une façon apaisée, un déclic qui baliserait la voie à une vraie réconciliation nationale. Sûrement une porte de sortie honorable pour revenir au devant de la scène politique s’il le souhaitait. Hélas, il a opté pour la solution extrême à lui proposée par la branche radicale de son camp.
Aujourd’hui, si les consciences togolaises ne s’éveillent pas, la chance de voir participer au vote, un droit citoyen s’amenuiserait, car certains désabusés à tort ou à raison, pourraient être tentés de s’abstenir de voter. Ainsi l’acte de bravoure cédera sa place à l’abandon de la lutte. Dans ces conditions, que fait la classe politique de l’opposition ?
Les internautes sont invités à relire ce message des Evêques publié en 2010, à deux mois des 50 ans d’anniversaire de l’accession du Togo à la souveraineté internationale. Un message qui proposait à Faure Gnassingbé de sortir par la grande porte. Malheureusement, il a refusé, et voilà les conséquences de la conservation du pouvoir.
Anges Gbedode