Depuis hier 19 juillet, comme un coup de massue reçue sur la tête, le peuple togolais, particulièrement consommateur vient de ressentir une terrible douleur à la suite de la 3e augmentation des prix du carburant à la pompe en l’espace de 6 mois. Comme d’habitude, la classe politique de l’opposition reste inerte, sans envisager de créer un front de refus. Cette attitude des hommes politiques et des responsables des associations de la société civile conforte des observateurs dans leur conviction que l’inexistence des hommes de conviction politique proche du peuple devient criarde et inquiétante. D’où la question s’impose : Existe-t-il encore au Togo, des hommes de conviction politique ?
Une chose est pourtant sûre : partout ailleurs, au sein des partis politiques, il existe des idéologues, des démagogues, des opportunistes, des manipulateurs, des beaux parleurs. Tous ont pour but de subjuguer le peuple pour avoir leur confiance. Ils s’inscrivent dans la droite ligne de rendre populaire le parti en se versant dans la plupart du temps dans le mensonge, dans la délation, la mystification et le culte de la personnalité du leader. Bref dans le populisme. Cependant, à côté de ces marchands d’illusion, il existe aussi des cadres ou hommes fermes de leur conviction très proche du peuple. Ces derniers partagent les douleurs et les peines avec le peuple. Ils compatissent avec ce peuple. Le mieux, ils sont prêts à mourir, dans la lutte pour une noble cause avec ce peuple. Et on le sent dans leurs paroles et gestes. Certains peuvent les appeler révolutionnaires dont certains, par la suite, peuvent aussi se verser dans le populisme. Mais dans la plupart des cas, ils se sacrifient pour leur peuple.
Eh bien! Dans le landerneau politique de l’opposition togolaise, toutes ces catégories de personnes s’y retrouvent.
Seulement, il faut reconnaître que, dans la catégorie de membres ou cadres qui se battent pour la même cause noble du peuple, figurent des hommes au sein de l’opposition, des cadres qui y répondent au mieux. D’anciens députés, transfuges d’autres partis d’opposition, comme par exemple, Alphonse Kpogo de l’Alliance des Démocrates pour un Développement Intégral (ADDI), puisque c’est de lui qu’il s’agit, actuel cadre de l’ANC, ferme de sa conviction politique qui correspondrait aux aspirations de ce peuple opprimé attirerait l’attention de ce peuple par ses paroles et actes, pensent certains avisés de la politique togolaise. Ils ajoutent que, beaucoup de Togolais l’apprécient et le qualifient de sincère dans la lutte pour la libération de ce peuple qui ploie sous le joug de la monarchie des Gnassingbé. Il a payé le prix de sa détermination et de sa conviction politique. Dans son parcours politique, il a été arrêté comme bien de Togolais pour leurs opinions politiques. C’est vrai que les Togolais se souviendraient toujours de son incarcération injuste dans une affaire criminelle d’incendies des marchés dont il a été accusé comme bien d’autres opposants. Avec ses collègues Manti et certains membres du parti ANC Jean Eklou, Etienne Yakanou et le chauffeur de leur leader Jean-Pierre Fabre, ils sont embastillés injustement. Depuis lors, ils sont sous le coup d’une liberté provisoire ou conditionnelle. Seulement, il faut reconnaître aussi que Alphonse Kpogo est un transfuge d’un parti politique d’opposition. A-t-il fait un bon choix ? Ou ce choix d’appartenir à un autre parti politique correspondrait-il vraiment à sa conviction politique ? Seule l’histoire le prouverait. Une chose est certaine, comme le constatent ces avisés politiques, il tombe parfois dans le populisme en voulant toujours trop défendre son leader.
En tout cas, quand des hommes de conviction interviennent sur les ondes des radios au nom de leurs partis politiques pour se prononcer sur certains sujets brûlants qui ont trait à la vie socio politique du Togo, ils ne marchent pas sur le fil du rasoir avant d’exprimer leur indignation et déception sur la mal gouvernance. Et surtout, des Togolais constatent qu’ils expriment tout haut ce que d’autres membres influents de leurs partis politiques n’ont pas le courage de dire. Les Togolais sentent une sincérité dans leurs discours, leurs interventions ou interviews.
Juste pour dire qu’un parti politique est comparable à un panier à crabes. Deux catégories de membres qui prétendent lutter pour la même cause. D’autres parleront de différents courants au sein de ces partis politiques. Ce qui n’est pas mauvais, car ça enrichit le débat au sein du parti. Cependant, certains cadres ou membres de l’opposition ont leur propre agenda caché, qui ne s’inscrit pas véritablement dans l’esprit du bien collectif ou de l’intérêt général ou national. Les exemples édifiants de Richard Akpotui, de Payadowa Boukpessi, actuel ministre de l’administration, du prof Léopold Gnininvi, d’Edem Kodjo, de Zarifou Ayéva, de Dorkenou, de Folly Antoine, de Joseph Kokou Koffigoh, d’Allagbé Bayédjè, et d’autres membres de l’opposition aux premières heures de la lutte contre ce régime monarchique, éclairent davantage les Togolais sur les intentions inavouées de beaucoup de leaders politiques. Evidemment, la liste n’est pas exhaustive. Pour certains, leur volteface était dû au comportement incongru de leurs camarades de lutte comme si le combat politique est fait par rapport à la versatilité politique de certains camarades de lutte. Malheureusement, ils font pire que les autres. Autrement dit, ils ne font pas mieux que les autres.
D’autres qui changent de vestes appelés communément des transhumants parce qu’ils ont rejoint avec armes et bagages le parti adverse, c’est-à-dire le parti au pouvoir justifient le changement de leur conviction politique par un choix pragmatique et réaliste qui va dans l’intérêt du peuple. Or, la plupart des Togolais savent la vraie raison de leur transhumance qui est liée aux embarras pécuniaires. Bien de ces politiciens ont rejoint le parti au pouvoir pour se refaire une santé financière car, combattre ce parti au pouvoir, comme ils le murmurent, ce n’est pas une chose facile, surtout qu’ils n’ont pas de moyens financiers. Au lieu de chercher des moyens financiers pour la lutte, ils se sont appuyés sur les maigres revenus de ce peuple qui a cru à leur sincérité, pour mener ce combat. On dit souvent que les bonnes causes trouvent toujours les moyens de leur réalisation. Hélas ! Au Togo, des hommes politiques de l’opposition ont abusé de ce peuple qui a payé de lourds tributs, puis ont fini dans les compromissions politiques pour jouir des délices de ce pouvoir corrompu. Sont-ils des convertis ou des traîtres, ces opposants qui ont retourné leurs vestes pour rejoindre le parti au pouvoir officiellement ou en secret ?
A la lumière de ce jeu politique flou, des Togolais se posent la question de savoir s’il existe encore aujourd’hui d’opposants fermes de leur conviction politique motivée par les aspirations du peuple opprimé. Malgré l’augmentation du prix des produits pétroliers provoquant immédiatement la cherté de la vie car, les prix des denrées alimentaires vont encore connaître la flambée des prix, aucun opposantou responsable des associations de la société civile ne s’inquiète dusort de ce peuple. Des hommes trop versatiles n’inspirent pas souvent confiance, constate un avisé de la politique togolaise qui affirme que la « politique », pour eux, comme l’a dit Montherlant, est devenu un art pour se servir du peuple », afin de se tailler une place au soleil. Ailleurs, même si les partis politiques de l’opposition sont divisés sur les moyens de lutte politique, par solidarité à la souffrance de leur peuple, s’accordent sur des actions à mener sur un terrain social à travers une mobilisation générale qui se traduit par des manifestations pour exprimer leur indignation. Triste qu’au Togo la haine politique est à son comble au point que la synergie d’actions cède la place à la division en faveur du parti au pouvoir. Où sont réellement des hommes de conviction politique dans ce pays ? N’ont-ils pas raison, ceux qui ont déserté ces partis politiques d’opposition pour devenir des libres-penseurs pour éviter de tomber sur l’influence du chef d’un parti politique qui dicte ses lois aux autres membres, et dont le parti fonctionne selon ses humeurs ?
