La redevabilité et l’ouverture parlementaires sont des thématiques qui préoccupent beaucoup l’Association des usagers du service public togolais (AUSEP). Cette association pionnière dans les questions parlementaires au Togo, a initié, à juste titre, un projet dans lequel elle plaide pour la redevabilité et l’ouverture parlementaires et surtout la célébration de la semaine du parlement. Ce plaidoyer a pris plusieurs formes notamment des rencontres avec des députés, des panneaux géants et des banderoles à travers toute la ville de Lomé.
Nombreux sont ces Togolais qui se plaignent du comportement et de l’opacité qui entourent les travaux des députés une fois à l’hémicycle. En effet, une fois élus, ceux-ci abandonnent leur circonscription électorale qu’ils ne retrouvent à l’approche d’une autre échéance. D’autres également se plaignent du fait que les députés ne défendent pas leurs intérêts à l’Assemblée nationale et disent ne pas savoir réellement ce qu’ils font dans leur « tour d’ivoire ». C’est pour amener ces élus à descendre de leur piédestal que l’Association des usagers du service public togolais (AUSEP) a initié le 21 janvier dernier une rencontre d’échanges sur la question parlementaire. Au cours de cette rencontre, les premiers responsables de cette association ont lancé un appel aux élus du peuple sur la bonne redevabilité parlementaire en rendant compte de leurs activités aux populations. Ils ont appelé ces derniers à un dialogue franc et permanent avec les populations qu’ils représentent, ceci à travers l’instauration d’une «semaine du parlement du Togo ».
Et pour mener à bien ses discussions, trois thèmes ont été concoctés par l’AUSEP à savoir:
Le processus législatif, rôle de l’opposition et de la majorité dans le travail parlementaire;
Les outils et freins à l’exercice de la fonction de contrôle parlementaire
Les enjeux et limites liés à l’exécution du budget-programme au Togo.
Ces thèmes ont été développés par les députés et experts sur les questions parlementaires dont le président de l’AUSEP, KARIYIARE Kampatibe. C’est à ce dernier que l’honneur a échu de développer le deuxième thème concernant les outils et freins à l’exercice de la fonction de contrôle parlementaire. Dans son exposé, il a abordé les outils de contrôle parlementaire comme les auditions, les interpellations, les questions orales et écrites, les enquêtes parlementaires etc. Parlant des freins à l’exercice parlementaire, l’orateur pointe d’un doigt accusateur la pauvreté et l’incompétence des députés, l’inorganisation des partis politiques, la sujétion, la discipline du parti, la peur des représailles de l’Exécutif, etc.
Le projet vise à améliorer la communication entre le peuple et ses représentants au parlement. A en croire, KARIYIARE Kampatibe, les débats entre citoyens et parlementaires s’avèrent aujourd’hui indispensables dans la cité togolaise et se feront à l’aune de la satisfaction de certaines préoccupations citoyennes meublées sous forme de thématiques à développer au cours des conférences-débats et émissions-radio.
C’est un devoir pour les parlementaires de rendre compte au peuple tout au long de leur mandat.
«Dans les relations entre les citoyens et le parlement, l’Union interparlementaire a défini un certain nombre de critères qui fondent le caractère démocratique d’un parlement. Il s’agit des critères de représentation, de transparence, d’accessibilité, de redevabilité et d’efficacité.
Le critère de transparence fait obligation aux parlementaires de s’ouvrir aux citoyens. Également le critère de redevabilité demande à tout député de rendre compte aux citoyens de la façon dont il exerce sa mission. Donc le citoyen a le droit de demander des comptes et le député en tant que représentant du peuple, doit rendre compte», a martelé monsieur KARIYIARE. Et d’ajouter que le parlement togolais paraît éloigné des citoyens qu’il est censé représenter.
« Il découle une faible ouverture et accessibilité à l’heure où la transparence parlementaire est de plus en plus en vogue à travers le monde. Amener les citoyens à participer au processus législatif et rapprocher le parlement du peuple, c’est mettre à leur disposition des informations parlementaires pertinentes quant au rôle et fonctions du parlement, son organisation et fonctionnement, le rôle des différentes commissions, etc.», a-t-il poursuivi.
Aussi l’orateur a-t-il appelé les médias en général et ceux du public en particulier à jouer leur partition en diffusant l’intégralité des séances plénières de l’Assemblée nationale en lieu et place des extraits diffusés.
Le projet d’appui à l’instauration de la bonne gouvernance administrative et parlementaire au Togo initié par l’AUSEP a reçu le soutien de l’Union européenne à travers le Programme de consolidation de l’État et du monde associatif (Pro-CEMA).
Il sied de rappeler que l’AUSEP est une association créée en 2011 pour porter haut, les plaintes et griefs des usagers des services publics. Son but est d’amener les administrations publiques à offrir des services de qualité aux citoyens et de protéger les droits des usagers.