Depuis quelques jours des commerçantes et commerçants togolais vivent un enfer: le scénario des incendies a repris dans les marchés. En effet, dans la nuit du 21 décembre 2023, le marché d’Agoè-Assiyéyé a pris feu. Beaucoup de dégâts matériels ont été enregistrés, à cause du retard et des moyens logistiques vétustes des sapeurs-pompiers. Comme un malheur n’arrive jamais seul, c’est une boutique dans l’ancien marché de Kara qui prit feu dans la nuit du 25 décembre 2023. Et après une autre boutique à Dapaong. Beaucoup d’articles, de marchandises, d’étalages ont été consumés par le feu. Pour cette fois-ci, en plus de dégâts matériels, une probable perte de vie humaine aurait été enregistrée. Dans ces cas d’incendies, le scénario reste le même. Tout se fait à l’insu des agents de sécurité des marchés.

Le marché d’Agoè-Assiyéyé en flammes
Pourquoi des incendies en cette période de soudure? Ces incendies sont-ils criminels ou accidentels?
En tout cas, dans le subconscient du commun des mortels togolais, il ne fait l’ombre d’aucun doute que ces incendies sont « criminels ». Ils justifient leur thèse par l’incendie qui a eu lieu au grand marché de Lomé en janvier 2013, et dont les rapports d’enquête ont reconnu officiellement que c’est un incendie criminel puisque des indices relevés après investigation confirmaient que l’incendie a été provoqué. D’ailleurs, dans les minutes qui ont suivi ce drame, les autorités ont arrêté des gens qui par la suite auraient été injustement cueillis dans cette histoire. Des leaders de l’opposition, des associations de la société civile reconnus proches de l’opposition auraient été accusés d’être des commanditaires de cet incendie du grand marché de Lomé. Comme la réponse du berger à la bergère, l’opposition aussi a commandité une enquête indépendante qui accusait des membres influents du pouvoir comme étant des commanditaires de ce drame, dont souffrent certaines commerçantes jusqu’à ce jour.
On en était là, attendant un procès digne de ce nom, lorsque les Togolais ont appris la destruction du corps de délit, c’est-à-dire la destruction de l’immeuble du grand marché de Lomé comme pour dire aux victimes que ce dossier était clos. Pour justifier cette démolition de cet ancien bâtiment du grand marché, les autorités promettent aux commerçants la construction d’un nouveau bâtiment. Et depuis ce jour, les commerçantes et commerçants qui ont perdu toutes leurs marchandises n’ont jamais été dédommagées. De simulacres d’aides financières pour apaiser leur douleur ont été aussi sujettes à caution, car ceux qui ont été mandatés pour partager ces fonds aux victimes en auraient détourné une partie.
Aujourd’hui encore, à la suite de cet incendie du marché d’Agoe-Assiyéyé, le président instruit une commission en mettant à sa disposition un fonds d’aide pour partager aux victimes. Et selon des indiscrétions, chaque victime a pris un bol de riz plus 25.000frs. Quelle humiliation ? Il va sans dire que d’autres actions dans le sens de dédommagement ne suivront pas ce « geste magnanime » du chef de l’Etat. A quand l’arrestation des commanditaires de ces crimes ? A qui profitent ces crimes ?
Au regard de tous ces crimes dont sont victimes des Togolais, beaucoup d’observateurs pensent que le chef de l’Etat ne fait pas assez pour apaiser les cœurs. On constate dans l’attitude de Faure Gnassingbé une sorte de complaisance à l’égard de tous ces criminels qui font souffrir des Togolais. Comment se fait-il que dans certains dossiers judiciaires, on ne constate qu’une justice à deux vitesses ? Pourquoi le dossier d’incendie du grand marché de Lomé n’a pas connu une suite judiciaire comme ça se doit ?
Tout porte à croire que c’est l’impunité entretenue par le pouvoir, qui encourage d’autres crimes similaires. Qui dit mieux, si malgré le mérite des services de renseignements togolais, les Togolais attendent toujours désespérément l’arrestation des vrais coupables des incendies?

Finalement, on se pose la question de savoir si Faure Gnassingbé dirige vraiment le Togo, car, beaucoup susurrent qu’au sein du clan Gnassingbé, il y aurait un noyau dur composé des conservateurs qui seraient prêts à tuer pour maintenir ce système mafieux en place, même si Faure Gnassingbé s’inscrirait dans la logique des progressistes. Ce qui est sûr, ce peuple qui porte les traces de la dictature Gnassingbé au dos, continue de subir les pires atrocités de sa vie. L’indignation est totale et le degré d’aigreur a atteint un point culminant, si bien que, le pire guette le pays sur le plan politique, économique et social. Le Président Faure Gnassingbé est-il lui aussi victime de ces conservateurs ? Si oui, peut-on conclure que ces derniers sont en train de saboter sa politique d’ouverture et d’apaisement ? En tous cas, l’heure est grave, et il urge que des actions concrètes soient menées pour sauver la république.