Il y a trois ans, l’espace de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est secoué par des coups d’Etat militaires à répétition. Au total, cinq en l’espace de trois ans: le Mali et la Guinée en ont connu chacun un, le Burkina Faso, deux; Guinée, un et dernièrement le Niger.
La récurrence des coups d’Etat militaires dans la zone doit susciter de profondes réflexions au niveau des classes politiques et surtout au niveau des Chefs d’Etat qui sont aux affaires.
Il est facile de se lancer à corps perdu dans des vagues de condamnations suite à un putsch dans un pays. Il n’y a jamais, nulle part, de fumée sans feu, soutient la maxime. Les coups d’Etat, en Afrique surtout francophone, ne sont que la conséquence logique d’un mal ayant prospéré dans un terreau fertile lié en général aux frustrations consécutives aux élections truquées, aux constitutions tripatouillées, la mal gouvernance et l’inefficacité dans la lutte contre le terrorisme. Les coups d’Etat militaires perpétrés dans les quatre pays cités trouvent leurs motifs dans ces causes.
Des solutions pour mettre fin à la spirale des coups d’Etat militaires
Les Chefs d’Etat des pays francophones de la CEDEAO doivent avoir la conscience claire que tant qu’il y aura des coups électoraux, institutionnels, constitutionnels ou la mal gouvernance dans leur pays, ils sont assis sur des fauteuils éjectables à tout moment. La preuve, les citoyens de l’espace prennent de plus en plus conscience des difficultés auxquelles ils sont confrontés du fait de leurs actes et de leurs ambitions.

Bola Ahmed TINUBU, président nigérian, en exercice de la CEDEAO
Bref, pour la CEDEAO, une première solution aux coups d’Etat militaires est la révision de son Protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance en limitant les mandats présidentiels à deux, pour tous les pays de l’espace, suivant le modèle béninois selon lequel : « nul ne peut faire plus de deux mandats présidentiels dans sa vie ». Les Chefs d’Etat doivent travailler pour une CEDEAO des peuples au lieu de mettre en place un syndicat pour se protéger.
Une deuxième solution est l’interdiction des coups d’Etat « électoraux, institutionnels et constitutionnels » aux présidents en exercice pour se maintenir au pouvoir.
La troisième solution est la révision des accords militaires qui aliènent certains Etats membres à des partenariats étrangers.
La quatrième solution, la révision du code minier de l’espace et surtout la révision des contrats miniers dans les pays où ils sont en défaveur des populations riveraines des zones minières.
La cinquième solution est la lutte efficace contre la corruption qui sape dangereusement le développement des pays de l’espace.
Pour celui qui sait bien entendre, si l’on ne met pas un terme aux coups d’Etat électoraux, institutionnels et constitutionnels, vouloir mettre fin aux coups d’Etat militaires ne serait que de l’eau versée au dos du canard. De façon cyclique, ça ira et reviendra tôt ou tard, chaque cinq ou dix ans, et de façon spirale. La balle est donc dans le camp des présidents actuels de marquer définitivement l’histoire ou encore de continuer à jouer à la politique de l’autruche. Sans faire l’apologie des coups d’Etat militaires, l’institution sous-régionale a intérêt à considérer que le dernier en date du 26 juillet perpétré au Niger est consommé, et inviter les responsables des quatre juntes, ensemble avec les autres chefs d’Etat, à modifier et imposer son Protocole à tous ses Etats membres.